Contexte et Négociations
Le 11 juillet 2025, la France et le Royaume-Uni ont annoncé un accord sous forme de "projet pilote" concernant l'échange de migrants entre les deux pays. Cet accord fait suite à une visite officielle du président français Emmanuel Macron au Royaume-Uni. L'objectif principal est de répondre à la pression croissante résultant du nombre élevé de traversées illégales de la Manche, qui ont atteint plus de 21 000 depuis le début de l'année.
Détails de l'Accord
Le principe de cet accord repose sur un échange de migrants selon le schéma "un pour un". Concrètement, cela signifie que pour chaque migrant renvoyé d'Angleterre vers la France, un migrant se trouvant en France et souhaitant s'installer au Royaume-Uni sera accueilli par ce dernier. Cependant, le migrant souhaitant traverser légalement doit justifier de liens avec le Royaume-Uni et soumettre sa demande via une plateforme en ligne.
L'accord doit encore recevoir l'approbation de la Commission européenne avant d'être officiellement signé. Pour le moment, aucun chiffre précis concernant le nombre de migrants échangés chaque semaine n'a été confirmé, bien qu'il ait été spéculé que cela pourrait s'élever à environ 50.
Réactions
Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a qualifié cet accord comme potentiellement "révolutionnaire", affirmant que les retours en France des migrants arrivant par bateau seraient effectués de manière plus systématique et rapide. Pourtant, cet accord a provoqué des critiques à divers niveaux.
Des organisations non gouvernementales, comme Médecins sans frontières, ont exprimé leur opposition, qualifiant cet accord de « dangereux ». De l'autre côté, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a soutenu l'accord, à condition qu'il garantisse l'accès à la protection pour les demandeurs d'asile.
Impact Régional et Européen
Localement, les élus du Calaisis ont manifesté leur mécontentement, s'inquiétant de l'impact sur leur région. Natacha Bouchart, maire de Calais, a exprimé sa colère quant à la perspective de voir les migrants renvoyés se concentrer à nouveau dans les localités déjà affectées, comme Calais et Grande-Synthe.
À l'échelle européenne, plusieurs pays de l'UE, dont l'Espagne, la Grèce, l'Italie, Malte et Chypre, ont exprimé leurs préoccupations en juin 2025, craignant que la France ne renvoie les migrants vers leur premier pays d'entrée dans l'Union européenne.
Conséquences Politiques
Le contexte politique du Royaume-Uni est également pertinent, avec une pression croissante sur le gouvernement de gérer l'immigration, notamment face à la montée en popularité du parti anti-immigration Reform UK. Emmanuel Macron a de son côté critiqué le Brexit, affirmant qu'il avait exacerbé les problèmes migratoires en supprimant les accords précédents avec l'Union européenne.
Ce projet, s'il est appliqué avec succès, pourrait influencer significativement les politiques migratoires des deux pays ainsi que leurs relations bilatérales.