Contexte
La Thaïlande et le Cambodge sont engagés depuis plusieurs décennies dans un différend sur le tracé de sections de leur frontière, longue d'environ 800 kilomètres, hérité de la période coloniale. Plusieurs zones frontalières ont été au centre de tensions récurrentes, notamment la région autour du temple de Preah Vihear. La Cour internationale de Justice (CIJ) a rendu une décision reconnaissant la souveraineté du temple au Cambodge, mais le différend de fond sur certaines portions du tracé persiste.
Antécédents récents
À la suite d'accrochages en juillet, un cessez‑le‑feu a été négocié et signé à Kuala Lumpur fin octobre. L'accord prévoyait le retrait d'armes lourdes des lignes de front, des opérations de déminage et la libération de détenus. La Thaïlande a annoncé en novembre la suspension de la mise en œuvre de cet accord, après l'explosion d'une mine qui a blessé quatre de ses soldats.
Reprise des hostilités et déroulement
Le 8 décembre, des affrontements ont de nouveau éclaté le long de la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge. Les deux États se sont mutuellement attribué la responsabilité des hostilités.
Position thaïlandaise : l'armée thaïlandaise a déclaré avoir été attaquée dans la province d'Ubon Ratchathani. Elle a rapporté la mort d'un soldat et plusieurs blessés, et a annoncé des frappes aériennes contre ce qu'elle qualifie de cibles militaires le long de la ligne de front. Selon les autorités thaïlandaises, ces opérations visaient à réduire les tirs de soutien cambodgiens et ciblaient des objectifs militaires.
Position cambodgienne : le ministère de la Défense du Cambodge affirme que des attaques ont visé les provinces de Preah Vihear et d'Oddar Meanchey. Le gouvernement cambodgien a signalé des victimes civiles et des dégâts matériels, tout en indiquant que ses forces n'avaient pas engagé de riposte générale.
Des sources locales et des témoignages sur le terrain ont fait état de l'emploi d'unités blindées, de tirs d'artillerie et, selon certaines déclarations officielles, d'avions de combat. Des coups de feu ont été signalés à proximité de sites historiques frontaliers. Des habitants des zones concernées ont fui et des évacuations ont été organisées des deux côtés de la frontière.
Bilan humain et déplacements
Les bilans varient selon les autorités. Les déclarations officielles font état d'au moins un soldat thaïlandais tué et de plusieurs blessés côté thaïlandais, et de victimes civiles et de blessés côté cambodgien. Les chiffres d'évacuations diffèrent : l'armée thaïlandaise a évoqué environ 35 000 personnes déplacées depuis la reprise des combats, tandis que des autorités cambodgiennes ont signalé plus de 1 000 familles évacuées dans la province d'Oddar Meanchey.
Réactions internationales
Plusieurs acteurs régionaux et internationaux ont appelé à la retenue et à la désescalade. Le président en exercice de l'ASEAN a demandé aux parties de faire preuve de retenue. Le secrétaire général des Nations unies a appelé à la désescalade et à la protection des civils. L'Union européenne et d'autres diplomaties ont également exprimé leurs préoccupations. L'ambassade des États‑Unis à Bangkok a recommandé à ses ressortissants de s'éloigner des zones situées à moins de 50 km de la frontière.
Situation diplomatique et points en suspens
Les accords précédents avaient pour but d'apaiser les tensions, mais n'ont pas résolu le différend territorial de fond concernant le tracé de la frontière. Des accusations récurrentes portent sur la présence de mines le long de la ligne de front : la Thaïlande accuse le Cambodge de poser des engins, tandis que Phnom Penh évoque des restes de mines datant de conflits antérieurs.
Situation opérationnelle à la date du 8 décembre
Les autorités cambodgiennes ont fait état, en fin de journée, de combats en cours. Les informations disponibles indiquent la poursuite d'opérations militaires et des mouvements de population dans plusieurs secteurs frontaliers. La situation reste volatile et sujette à des évolutions rapides.








