Introduction
Depuis la mi-décembre 2025, des actions de protestation conduites par des organisations et des collectifs agricoles ont entraîné des blocages routiers, des perturbations locales et des rassemblements devant des administrations et des résidences privées en France. Ces mobilisations ont combiné actions locales sur le territoire national et participation à une manifestation européenne à Bruxelles.
Contexte et revendications
Les mobilisations portent principalement sur trois sujets : la gestion sanitaire de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) bovine, la position française sur l’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur, et l’évolution du budget et des règles agricoles au niveau européen. Les manifestants dénoncent notamment les abattages systématiques des troupeaux détectés positifs à la DNC et demandent des alternatives sanitaires, réclament des garanties pour les filières françaises et s’opposent à une ouverture perçue comme défavorable aux productions nationales en cas d’importations accrues du Mercosur.
Chronologie des événements (extraits)
17 décembre 2025 : Dans les Côtes-d’Armor, des jeunes agriculteurs ont organisé un convoi de tracteurs à Lannion. Des dépôts de fumier, de choux-fleurs et de lisier ont été placés devant le centre des impôts et le siège de l’intercommunalité, et un brasier a été allumé sur un rond-point. Les actions se sont déroulées sans affrontements signalés avec les forces de l’ordre.
17 décembre 2025 : Un rassemblement d’environ quarante agriculteurs a eu lieu sur la RD 787, entre Guingamp et Carhaix, visant à dénoncer l’accord Mercosur et la gestion sanitaire des épizooties. L’action, encadrée par les forces de l’ordre, s’est terminée dans le calme.
18–19 décembre 2025 : Des opérations se sont multipliées dans le Sud-Ouest et sur plusieurs axes autoroutiers (A64, A61, A10, A20, A63, A89), provoquant fermetures temporaires et ralentissements importants. Des barrages filtrants et des dépôts de pneus, de paille, de palettes et d’autres déchets ont été observés sur des autoroutes et des routes nationales.
18–19 décembre 2025 : Une manifestation européenne à Bruxelles a rassemblé plusieurs milliers de personnes et une cinquantaine de tracteurs. La majorité des engins est repartie en fin de journée, mais des perturbations ont perduré sur le ring et les axes d’accès.
19 décembre 2025 : Des agriculteurs se sont rassemblés devant la résidence privée du président de la République au Touquet. Le même jour, le Premier ministre a reçu à Matignon les représentants des principaux syndicats agricoles pour évoquer la stratégie sanitaire et les demandes des organisations.
Modalités d’action
Les actions ont pris des formes variées : barrages filtrants, blocages complets d’autoroutes, opérations escargot, dépôts de fumier et de déchets, projections de lisier sur des façades, rassemblements devant des bâtiments publics et privés, et actions ciblées contre des administrations locales (préfectures, centres des impôts, sièges d’intercommunalités). Ces initiatives ont été organisées par des syndicats nationaux et départementaux (FNSEA, Coordination Rurale, Confédération paysanne, Jeunes agriculteurs) ainsi que par des collectifs locaux.
Réponses des autorités et mesures annoncées
Les autorités publiques ont exprimé la volonté d’éviter de nouveaux blocages pendant la période des fêtes. La porte-parole du gouvernement a déclaré que de nouveaux blocages ne seraient pas tolérés et que les forces de l’ordre interviendraient "avec discernement". Le ministère de l’Intérieur a indiqué que les blocages en cours étaient traités en lien avec les préfets concernés.
Le Premier ministre a engagé des rencontres avec les représentants syndicaux afin de rechercher des réponses aux demandes des agriculteurs. Les autorités sanitaires et le ministère de l’Agriculture ont ouvert des cellules de dialogue scientifique pour étudier des protocoles alternatifs à l’abattage systématique. Parallèlement, le gouvernement a annoncé une accélération d’une vaccination ciblée contre la DNC, visant à couvrir une part importante du cheptel bovin pour limiter l’usage d’une vaccination généralisée susceptible d’affecter le statut sanitaire aux exportations.
Au niveau européen, la signature de l’accord Mercosur a été reportée à janvier 2026 par les institutions européennes, accompagnée de demandes de garanties supplémentaires formulées par plusieurs États membres.
Impacts constatés
Les actions ont perturbé le trafic routier, en particulier sur des axes du Sud-Ouest et sur des itinéraires de départs en vacances. Les ralentissements et fermetures temporaires d’autoroutes ont obligé certains usagers à modifier leurs itinéraires. Les opérations locales ont entraîné des dépôts matériels sur la voie publique et quelques dégradations matérielles ponctuelles. Des interventions policières ont été menées pour encadrer ou lever des barrages.
Situation et perspectives
Les organisations syndicales ont exprimé des positions divergentes quant à la poursuite du mouvement : certains responsables ont appelé à une trêve à l’approche des fêtes, sous réserve d’engagements obtenus lors des rencontres avec le gouvernement, tandis que d’autres collectifs et bases locales ont annoncé leur intention de maintenir ou d’amplifier les actions, notamment au début de janvier. Les pouvoirs publics tiennent des réunions et des cellules de suivi pour coordonner les réponses sanitaires et logistiques et gérer la circulation sur les axes affectés.


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