Contexte et Verdict de la Cour
La Cour suprême argentine a confirmé la condamnation de Cristina Kirchner, ancienne présidente péroniste de l'Argentine, à une peine de six ans de prison ainsi qu'à une interdiction de se présenter à des élections pour le reste de sa vie. Ce jugement, annoncé le 10 juin 2025, fait suite à une affaire de fraude aux dépens de l'administration publique durant ses mandats présidentiels, qui se sont étendus de 2007 à 2015. À cette époque, elle a été accusée d’avoir détourné des fonds dans l'attribution de marchés publics liés à des chantiers routiers dans la province de Santa Cruz.
Cette condamnation initiale, rendue à la fin de l'année 2022 et confirmée en appel en 2024, a été maintenue par la plus haute instance judiciaire du pays. La Cour a rejeté le recours déposé par Kirchner, soulignant que la décision en première instance reposait sur de nombreuses preuves.
Conséquences et Réactions
Bien que condamnée à la prison, l'ex-présidente, âgée de 72 ans, devrait bénéficier d'une assignation à résidence en raison de son âge avancé et de son état de santé. Elle dispose de cinq jours ouvrables pour se présenter aux autorités afin de débuter l'exécution de sa peine.
La décision de justice a eu des répercussions considérables sur le paysage politique argentin, marquant un tournant pour la principale rivale du président actuel, Javier Milei, connu pour ses positions ultralibérales. Kirchner a vivement critiqué le jugement, qu'elle considère comme le résultat d'une "persécution politico-judiciaire" orchestrée pour l'écarter de la vie politique. Elle a réitéré ces allégations devant une foule de soutiens rassemblés devant le siège du Parti justicialiste à Buenos Aires, tout en réfutant les accusations de malversation.
Impact Politique et Social
La condamnation de Kirchner a provoqué des manifestations de soutien, ainsi que des menaces d'action syndicale, dont la possible organisation de grèves générales alertées par la CGT, la principale centrale syndicale. Cette décision a également suscité des débats concernant la démocratie argentine, certains la qualifiant de "menacée" par ces agissements judiciaires.
Kirchner, une figure de proue en Argentine pendant deux décennies, entre Première Dame, présidente, puis vice-présidente jusqu'en 2023, voit désormais son avenir politique sérieusement compromis. Son inéligibilité la prive de la possibilité de se présenter aux prochaines élections régionales dans la province de Buenos Aires. Malgré cela, certains observateurs politiques estiment qu'elle pourrait encore influencer le champ politique argentin, bien que son influence ait diminué ces dernières années en raison d'une baisse de popularité marquée. En 2023, seuls 24% des sondés avaient une opinion positive d'elle, contre 66% avec une opinion négative, selon un sondage de l'Université de San Andres.
À l'instar de l'ex-président Carlos Menem, également condamné pour corruption mais évitant l'incarcération grâce à son immunité parlementaire, l'avenir politique de Kirchner pourrait s'inscrire dans cette mouvance de "lente mort" politique selon certains analystes comme Sergio Berensztein.