Contexte Historique
Entre 1966 et 1996, la France a effectué 193 essais nucléaires en Polynésie française, principalement sur les atolls de Moruroa et Fangataufa dans le cadre des activités du Centre d'expérimentation du Pacifique (CEP). Ces essais ont permis à la France d'accéder au statut de puissance nucléaire, mais ont laissé un héritage complexe en termes de conséquences sanitaires, environnementales et sociales sur la région et ses habitants.
Rapport d'une Commission d'Enquête Parlementaire
Le 17 juin 2025, un rapport d'enquête parlementaire a été rendu public, recommandant que la France présente des excuses officielles à la Polynésie française pour les essais nucléaires menés sur ses territoires. Ce rapport suggère que cette demande de pardon ne doit pas être perçue comme un simple acte symbolique ni une demande de repentance, mais comme une démarche nécessaire pour initier un processus de réconciliation sincère entre l'État français et la Polynésie française.
Recommandations et Propositions
Le rapport, orchestré par le président de la commission d'enquête, Didier Le Gac, et la rapporteure Mereana Reid-Arbelot, propose que cette demande soit gravée dans la loi organique de 2004 régissant le statut d'autonomie de la Polynésie. Selon les auteurs, cette reconnaissance officielle par le Parlement doit se faire "au nom de la nation", pour permettre de traiter ce chapitre de l'histoire dans l'apaisement.
Une recommandation éminente est la création d'une commission indépendante composée d'historiens et de chercheurs pour accéder et étudier les archives relatives aux essais nucléaires. Cela vise à construire une base historique robuste pour nourrir la mémoire collective et inclure le fait nucléaire dans l'enseignement national.
Conséquences Sanitaires et Environnementales
Le rapport met en lumière les lourdes conséquences des essais nucléaires sur la santé et l'environnement en Polynésie. Six décennies après le début de ces activités, beaucoup de Polynésiens attendent toujours la reconnaissance officielle des maladies qu'ils attribuent à ces essais. Bien que des réparations aient été effectuées pour certaines pollutions, notamment radioactives, des déséquilibres dans la biodiversité persistent et probablement pour longtemps.
Le rapport souligne également que la culture du secret autour des essais nucléaires a compliqué l'évaluation et la reconnaissance des risques radiologiques. Il recommande une étude épidémiologique approfondie pour détecter la sur-incidence équivalente à des mauvaises pratiques de radioprotection durant les essais.
Perspectives et Mesures Supplémentaires
Les auteurs espèrent que ces excuses officielles seront accompagnées par une révision et une amélioration des dispositifs de compensation pour les victimes, notamment en remaniant la loi de 2010 qui a institué le Comité d'indemnisation des victimes des essais nucléaires (Civen). Le but est de fournir une aide plus juste et efficace aux personnes affectées par les conséquences de cette période de tests. Ainsi, le rapport préconise aussi de transmettre le coût financier des pathologies radio-induites, estimé à plus d'un milliard d'euros par la CPS, à l'État français.