Introduction
Le 17 juin 2025, la Haute Autorité de Santé (HAS) en France a recommandé la mise en œuvre d'un dépistage systématique du cytomégalovirus (CMV) pour toutes les femmes enceintes. Cette décision marque un tournant dans la gestion de ce virus pendant la grossesse, un sujet de débat au sein de la communauté médicale depuis plusieurs années.
Le Cytomégalovirus : Caractéristiques et Risques
Le cytomégalovirus appartient à la famille des Herpèsvirus. Il se transmet par contact direct avec des liquides corporels contaminés tels que la salive, les sécrétions respiratoires, les urines, et le lait maternel. Bien que typiquement asymptomatique ou bénin, une infection par le CMV chez la femme enceinte, surtout au début de la grossesse, peut entraîner des complications sérieuses pour le fœtus. Ces complications incluent des pertes auditives neurosensorielles, des troubles neurologiques ou encore un retard de développement.
Contexte et Recommandations
Historiquement, le dépistage systématique du virus pendant la grossesse a été controversé. En 2018 et à nouveau en 2023, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) avait émis un avis négatif sur la généralisation du dépistage, invoquant notamment un manque de recul sur le traitement existant, le valaciclovir.
Cependant, en réponse à la saisine du ministère de la Santé, la HAS a tranché en faveur d'un dépistage systématique pour les femmes enceintes dont le statut sérologique est inconnu ou négatif. Cette mesure est en partie justifiée par la prévalence de l'infection par le CMV en France, touchant environ 4 nouveau-nés sur 1 000 chaque année, soit 2 900 cas annuels.
Dépistage et Traitement
La HAS recommande que le dépistage du CMV soit intégré aux examens du premier trimestre de grossesse, visant à identifier la présence d'anticorps IgG et IgM, ainsi que la reconnaissance d'une infection récente. Le traitement préventif actuel, lorsqu'une primo-infection récente est détectée, repose sur le valaciclovir, bien que des incertitudes subsistent quant à son efficacité et ses effets à long terme.
Perspectives et Évaluation Future
La HAS souhaite également qu’une réévaluation de la mesure de dépistage soit effectuée dans trois ans, en tenant compte des nouvelles données recueillies sur l’efficacité et la sécurité du traitement. Cette réévaluation vise à affiner les connaissances sur la gestion des infections à CMV pendant la grossesse et à garantir une sécurité maximale pour le développement fœtal.
Cette recommandation souligne l'importance d'une gestion équilibrée entre les avantages potentiels du dépistage et les risques associés au traitement, dans un contexte où la prévention des inégalités de dépistage à travers le territoire national reste une priorité.
Conclusion
La décision de la HAS représente un pas vers une gestion plus proactive des risques associés au cytomégalovirus chez les femmes enceintes, avec un souci constant d'amélioration basé sur l'évaluation continue des pratiques de dépistage et de traitement.