Présentation de la rencontre
Le 11 novembre 2025, le président des États‑Unis, Donald Trump, a reçu à la Maison‑Blanche le président syrien Ahmad al‑Chareh. Il s'agit de la première visite d'un chef d'État syrien à la Maison‑Blanche depuis de longues années. La rencontre s'est tenue à huis clos, sans couverture médiatique directe ni cérémonial public équivalent aux visites officielles traditionnelles.
Parcours et contexte politique d'Ahmad al‑Chareh
Ahmad al‑Chareh a dirigé une coalition de groupes rebelles qui a renversé l'ancien régime syrien en décembre 2024. Il a été identifié comme un dirigeant lié à des branches locales d'organisations affiliées à Al‑Qaïda et faisait l'objet, de 2017 à décembre 2024, d'une mise à prix par le FBI. Après sa prise du pouvoir, il a engagé des ouvertures diplomatiques vers plusieurs pays de la région et a rencontré des dirigeants étrangers, notamment à Moscou.
Déroulement de la visite
La visite a été organisée de manière discrète: Ahmad al‑Chareh est entré par une voie latérale et les médias n'ont pas été admis dans le Bureau ovale lors des échanges entre les deux présidents. Après la rencontre, il a salué des partisans rassemblés devant la Maison‑Blanche.
Pendant et à l'issue de la rencontre, Donald Trump a exprimé publiquement un soutien conditionnel, déclarant notamment qu'il apprécierait son homologue et qu'il ferait « tout ce que nous pouvons pour que la Syrie réussisse ». Il a également évoqué le passé violent d'Ahmad al‑Chareh en le qualifiant de « passé brutal ».
Mesures et décisions annoncées
- Suspension temporaire des sanctions: l'administration américaine a annoncé une pause de 180 jours de l'application de certaines dispositions de la loi dite César, mesure qui relève en dernier ressort du Congrès pour toute modification permanente.
- Réintégration diplomatique: les autorités américaines ont autorisé la reprise des activités de l'ambassade syrienne à Washington.
- Mesures de retrait de listes: Ahmad al‑Chareh a été retiré de certaines listes nationales quelques jours avant la visite; selon des annonces, le Conseil de sécurité de l'ONU a également levé des sanctions le concernant sur initiative américaine.
- Intégration à la coalition antidjihadiste: la Syrie devrait rejoindre la coalition internationale dirigée par les États‑Unis contre le groupe État islamique, ce qui porterait le nombre de membres annoncé à environ 90.
- Projet de présence militaire américaine: les autorités américaines ont évoqué l'établissement d'une présence militaire et logistique près de Damas, présentée comme destinée à coordonner l'aide humanitaire et à observer l'évolution des relations entre la Syrie et Israël.
Positionnement régional et diplomatique
Depuis sa prise de pouvoir, Ahmad al‑Chareh a modifié certaines orientations diplomatiques de la Syrie, réduisant l'alignement avec certains alliés historiques du précédent régime et multipliant les contacts avec des États de la région, y compris des pays du Golfe et la Turquie. Des responsables américains ont encouragé, dans des déclarations publiques, un rapprochement entre la Syrie et certains accords régionaux, tout en soulignant que des négociations directes entre la Syrie et Israël ne sont pas envisagées immédiatement.
Des analystes voient cette visite comme une réorientation stratégique possible de la Syrie vers des partenaires occidentaux et régionaux, et comme un pas vers une normalisation progressive de ses relations internationales. Les autorités américaines présentent les mesures annoncées comme visant à favoriser les investissements et la reconstruction d'un pays dont l'économie reste gravement affectée par des années de conflit.
Points en suspens et préoccupations
Plusieurs enjeux demeurent: la levée définitive des sanctions dépendra du processus législatif américain; la sécurité des minorités et la garantie des droits individuels en Syrie suscitent des inquiétudes; des violences confessionnelles ont été signalées depuis le changement de pouvoir, avec des bilans humains et des tensions internes. La mise en œuvre des mesures annoncées et l'impact des nouvelles orientations diplomatiques restent soumis à l'évolution de la situation sur le terrain ainsi qu'aux décisions des instances législatives et diplomatiques concernées.








