Ekrem Imamoglu, maire d'Istanbul suspendu et candidat désigné par le Parti républicain du peuple (CHP) à l'élection présidentielle à venir, fait l'objet d'un acte d'accusation publié le 11 novembre 2025 par le parquet d'Istanbul. Il est placé en détention provisoire depuis mars et est visé, selon l'acte, par 142 chefs d'accusation dans le cadre d'une procédure impliquant au total 402 personnes.
Contenu de l'acte d'accusation
L'acte d'accusation, présenté comme un dossier de plus de 3 700 pages, énumère 142 infractions. Les chefs retenus incluent notamment la corruption active et passive, l'extorsion, la fraude aux marchés publics, l'escroquerie portant atteinte à des institutions publiques et le blanchiment d'argent. Le document décrit aussi, selon le parquet, une organisation qualifiée d'« organisation criminelle à but lucratif » et comporte un schéma représentant Ekrem Imamoglu à la tête d'un réseau décrit dans le dossier.
Le parquet allègue que ce réseau aurait causé un préjudice estimé à 160 milliards de livres turques et 24 millions de dollars à l'État sur une période d'environ dix ans. Le ministère public affirme que plusieurs responsables municipaux et des hommes d'affaires ont participé à cette organisation.
Réquisitions et conséquences pénales évoquées
Le parquet demande que des poursuites soient engagées pour l'ensemble des chefs retenus contre Ekrem Imamoglu. Le montant des peines réclamées varie selon les sources : le parquet a requis des peines comprises entre 828 et 2 352 années d'emprisonnement pour l'ensemble des infractions, tandis que d'autres sources rapportent une peine maximale évoquée jusqu'à 2 430 ans.
L'acte vise également environ 401 autres personnes, dont des responsables municipaux et des collaborateurs, et un nombre significatif de prévenus se trouve déjà incarcéré.
Procédure judiciaire et détention
L'acte d'accusation a été transmis à un tribunal d'Istanbul qui doit décider de son acceptation et, le cas échéant, fixer la date d'ouverture du procès. Le procureur d'Istanbul indiqué dans les déclarations publiques a souligné que la responsabilité pénale pouvait être engagée sur le fondement d'une direction ou d'une organisation des infractions imputées.
Ekrem Imamoglu est détenu dans la prison de Silivri (Marmara) depuis son arrestation en mars et y est placé à l'isolement, selon les éléments transmis par le parquet. Il est par ailleurs visé par plusieurs enquêtes et procédures distinctes, dont une visant des faits d'espionnage, et confronté à des décisions administratives comme l'invalidation de son diplôme universitaire, qui pourrait affecter son éligibilité électorale.
Réactions politiques et institutionnelles
La direction du CHP a dénoncé l'acte d'accusation et qualifié les poursuites d'ingérence dans le champ politique, demandant le maintien de la désignation d'Ekrem Imamoglu comme candidat. Le CHP a rapporté que l'arrestation du maire avait entraîné une période de mobilisation et des manifestations, suivies d'arrestations.
Parallèlement, les autorités judiciaires d'Istanbul ont demandé l'ouverture d'une procédure visant la dissolution du CHP pour violation de la Constitution, allégation rapportée par le parquet dans le cadre des mêmes investigations.
Contexte et antécédents
Ekrem Imamoglu a été arrêté en mars lors d'une série d'opérations touchant des collaborateurs proches et des responsables municipaux. L'arrestation a déclenché des manifestations et accentué la polarisation politique. Depuis son placement en détention, il fait face à une quinzaine de procédures judiciaires et administratives distinctes.
La transmission de l'acte d'accusation au tribunal marque l'étape suivante d'une procédure judiciaire en cours, qui reste soumise à l'examen et aux décisions des juridictions compétentes.








