Constat général
Selon une analyse publiée en octobre 2025 par l'ONG européenne Transport & Environment (T&E), les véhicules hybrides rechargeables (PHEV) présentent, dans les usages réels, des émissions et une consommation de carburant supérieures aux résultats issus des essais de laboratoire (WLTP). Le rapport s'appuie principalement sur des mesures réalisées sur 127 000 PHEV et sur des jeux de données complémentaires.
Méthodologie et données
T&E indique avoir analysé des relevés de 127 000 véhicules hybrides rechargeables et s'être appuyée sur des données supplémentaires provenant d'un parc plus large, évoqué à hauteur de 800 000 véhicules équipés de capteurs. Les valeurs mesurées sont comparées aux cycles d'essai officiels (WLTP) et aux émissions moyennes des véhicules essence et diesel.
Résultats chiffrés
L'ONG rapporte une émission moyenne de CO2 de 135 grammes par kilomètre pour les hybrides rechargeables, contre 166 grammes par kilomètre pour les voitures essence et diesel, soit une réduction moyenne d'environ 19 %.
T&E affirme que, dans certains usages, les émissions réelles des PHEV peuvent être près de cinq fois supérieures aux valeurs mesurées en laboratoire (WLTP).
En mode électrique, le rapport relève une consommation résiduelle de carburant d'environ 3 litres aux 100 kilomètres et une émission de 68 grammes de CO2 par kilomètre. Selon les calculs de l'ONG, ces valeurs en mode électrique sont environ 8,5 fois supérieures aux chiffres WLTP.
L'étude indique également que le moteur thermique contribue à la traction sur près d'un tiers de la distance parcourue quand le véhicule circule en mode électrique.
T&E estime que la « consommation cachée » de carburant se traduit par un surcoût moyen d'environ 500 euros par an pour le propriétaire, en sus du prix d'achat souvent plus élevé de ces véhicules.
Facteurs explicatifs
Plusieurs éléments sont identifiés pour expliquer l'écart entre résultats de laboratoire et usage réel :
- la puissance électrique limitée des motorisations PHEV à haute vitesse ou en montée, entraînant l'activation du moteur thermique ;
- des comportements de conduite (accélérations fortes, montée de pentes) favorisant l'utilisation du moteur thermique ;
- une fréquence de recharge insuffisante chez une part des utilisateurs, réduisant l'exploitation effective du mode électrique.
Réactions et positions citées
Le rapport reprend des déclarations de responsables de T&E : Lucien Mathieu est cité qualifiant certains hybrides rechargeables d'"une des plus grandes escroqueries de l'histoire de l'automobile", tandis que Bastien Gebel estime que ces véhicules "ne tiennent pas leurs promesses" en matière de consommation.
Le secteur automobile européen défend pour sa part l'utilisation des PHEV et plaide parfois pour que certains modèles bénéficient d'exemptions ou de traitements réglementaires favorables.
Conclusion
Les données présentées par T&E montrent que, selon l'ONG, les gains d'émissions et les consommations réelles des hybrides rechargeables sont souvent inférieurs aux valeurs issues des tests WLTP et, dans plusieurs usages, proches de celles des véhicules thermiques. Les écarts sont attribués à des contraintes techniques des véhicules et à des pratiques d'utilisation. Le rapport souligne par ailleurs des conséquences financières pour les propriétaires et met en lumière la divergence entre mesures de laboratoire et usage réel.