Contexte économique
En mai 2025, les prix à la consommation au Japon ont accéléré plus que prévu, atteignant une hausse de 3,7% sur un an, inégalée depuis janvier 2023, contre 3,5% en avril. Cette accélération a dépassé les anticipations des économistes sondés par Bloomberg qui prévoyaient une augmentation de 3,6%. Cette hausse est bien au-delà de l'objectif de 2% fixé par la Banque du Japon (BoJ). L'inflation, hors énergie et produits frais, a également monté à 3,2% par rapport à 3% en avril.
Flambée des prix du riz
Un facteur clé de cet accroissement de l'inflation est le doublement des prix du riz sur une année, marquant une hausse de 101%, la plus élevée depuis que les statistiques comparables ont été lancées il y a 50 ans. Le riz, élément central de l'alimentation japonaise, a vu ses prix commencer à augmenter à partir de l'automne précédent.
La récolte du riz de 2023 avait été affectée par des vagues de chaleur record, ce qui a eu un effet sur l'offre. La demande, quant à elle, a été exacerbée par des achats massifs à la suite d'éventuels avertissements de "mégaséisme", l'augmentation des prix des aliments importés et un afflux touristique record. Par ailleurs, des marchands ont stocké du riz pour augmenter leurs profits ultérieurs.
Réactions gouvernementales
Face à cette situation, le gouvernement japonais a tenté de limiter la hausse des prix en mettant aux enchères des stocks de riz issus des réserves stratégiques pour approvisionner directement les magasins, bien que les résultats aient été mitigés. En réponse à l'inflation généralisée, non seulement sur le riz mais aussi sur d'autres produits alimentaires comme le café et le chocolat, et à l'augmentation des coûts des services due à un nombre record de visiteurs (3,7 millions en mai), le Premier ministre Shigeru Ishiba a décidé d'étendre les aides au logement et les subventions énergétiques. De plus, il a promis de verser une aide de 20 000 yens (120 euros) par citoyen japonais.
Perspectives économiques
Historiquement ancrée dans une déflation ou une inflation faible, le Japon fait face à un retour significatif d'inflation depuis avril 2022, qui dépasse constamment le seuil de 2%. Comme le note Stefan Angrick, économiste chez Moody's Analytics, l'instabilité des mesures politiques et la lenteur des répercussions sur les consommateurs signifient que l'inflation risque de ne baisser que graduellement, sans que les salaires ne puissent compenser cette perte de pouvoir d'achat.
La situation présente un défi pour la BoJ, qui se trouve dans une "position inextricable" selon Angrick. Relever les taux d'intérêt pour contrôler l'inflation pourrait freiner encore davantage l'économie qui a enregistré une stagnation de son PIB au premier trimestre, tandis qu'un maintien du statu quo pourrait consolider la tendance inflationniste. Les incertitudes s'aggravent par les tensions commerciales, comme les taxes américaines sur certains produits japonais.
Prévisions
Marcel Thieliant de Capital Economics anticipe que l'inflation dépassera largement les prévisions de la BoJ pour l'année 2025, incitant potentiellement à un resserrement monétaire plus précoce, avec une hausse des taux dès octobre. En mars 2024, la BoJ avait initié un resserrement de sa politique après dix ans de mesures accommodantes mais a dû suspendre ce cap en début 2025 en raison du climat économique incertain.