Décision du groupe Afrique
Le groupe des pays africains a annoncé, lors des discussions tenues à Belém le 11 novembre 2025, son choix de proposer l'Éthiopie pour l'organisation de la 32ᵉ Conférence des Parties (COP32) de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Cette proposition doit encore être adoptée par consensus de l'ensemble des États parties.
Contexte institutionnel
La présidence de la COP30 a confirmé le choix du groupe Afrique. L'attribution du lieu d'une COP suit une pratique de rotation régionale et s'effectue au sein des groupes régionaux puis par consensus des États.
Réactions et arguments avancés
Sena Alouka, négociateur togolais, a réagi au choix de l'Éthiopie en affirmant que la tenue de la COP sur le continent africain permettrait de mettre en valeur des solutions africaines et de replacer l'Afrique au centre des négociations climatiques. Il a également mentionné que l'Éthiopie symbolise, selon lui, une "renaissance africaine" en citant, parmi d'autres éléments, l'inauguration du barrage de la Renaissance.
Capacité logistique et contraintes
Sena Alouka a présenté une appréciation de la capacité d'accueil d'Addis-Abeba, estimant la capacité hôtelière de la capitale entre 15 000 et 20 000 places et rappelant qu'un Sommet africain du climat avait réuni, selon les autorités éthiopiennes, entre 20 000 et 25 000 participants. Il a indiqué que, d'après lui, des améliorations d'infrastructures pourraient être réalisées d'ici à la tenue de la COP pour atteindre des besoins plus élevés et que des villes proches de la capitale pourraient compléter l'offre d'accueil.
Absence de participation physique et raisons invoquées
Sena Alouka a indiqué qu'il n'a pas assisté à la COP30 à Belém, expliquant son choix par plusieurs motifs : une critique du rôle croissant des acteurs privés lors des COP, des coûts d'hébergement jugés élevés et un souhait de réduire ses émissions de CO2 liées aux déplacements. Il a précisé qu'il suivait néanmoins les négociations à distance et apportait ses contributions à la délégation togolaise.
Proposition de formats alternatifs de négociation
Il a proposé d'augmenter le recours aux négociations en ligne pour concentrer la tenue physique sur la phase de finalisation et de paraphe des textes, estimant que cela permettrait de limiter les déplacements et de recentrer les conférences sur l'activité négociatrice.
Position sur le secteur privé et les mécanismes de marché
Sena Alouka a exprimé des réserves sur la présence et le rôle du secteur privé lors des COP, estimant que des délégations comportent un nombre important d'acteurs non négociateurs et que certaines interventions pourraient viser des intérêts commerciaux. Il a aussi exprimé un scepticisme à l'égard de certains mécanismes de marché carbone, les jugeant inadaptés selon lui pour résoudre la crise climatique et risquant de privilégier des intérêts financiers.
Initiative sur les forêts (TFFF) et préoccupations
Concernant l'annonce d'une initiative sur les forêts (désignée TFFF par le président brésilien), Sena Alouka a indiqué qu'il est positif que la forêt soit replacée au cœur des négociations, tout en exprimant des craintes que les fonds soient gérés via des structures financières ou des mécanismes de marché qui ne bénéficieraient pas directement aux populations autochtones et aux communautés rurales. Il a rappelé l'importance de financer la préservation des forêts du bassin du Congo et de soutenir les savoirs locaux.
Observations sur les annonces initiales de la COP
Sena Alouka a jugé que certaines annonces faites en début de COP présentaient des signaux positifs, notamment autour des forêts, du méthane et du financement, mais il a estimé que beaucoup d'engagements restaient vagues et contradictoires. Il a cité l'exemple des annonces sur les biocarburants, exprimant l'avis que l'augmentation de cultures destinées aux carburants posait des risques pour la sécurité alimentaire.
Points contextuels
Le continent africain a déjà accueilli plusieurs éditions des négociations climatiques : Marrakech (2001 et 2016), Nairobi (2006), Durban (2011) et Charm el-Cheikh (2022). Le lieu de la COP31 faisait encore l'objet de discussions au moment des déclarations, avec des candidatures évoquées pour l'Australie en partenariat avec des pays du Pacifique et pour la Turquie.








