Proclamation de l'État de Palestine et premières reconnaissances
La reconnaissance internationale de l'État de Palestine débute le 15 novembre 1988, lors de la proclamation unilatérale de l’indépendance de la Palestine par Yasser Arafat, dirigeant de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), à Alger. Cette déclaration intervient pendant la première intifada, conflit opposant la population palestinienne à l’occupation israélienne. Dès l’annonce, l’Algérie reconnaît officiellement l’État proclamé. Au cours de la semaine suivante, environ 40 pays, dont la Chine, l’Inde, la Turquie et la majorité des pays arabes, apportent également leur reconnaissance. Progressivement, la quasi-totalité des États africains et des pays du bloc soviétique adoptent la même position.
Évolution de la reconnaissance par région
Pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine
Au fil des décennies, la majorité des États d'Afrique et d'Asie, ainsi que la plupart des pays d’Amérique latine et d’Amérique centrale, reconnaissent officiellement l’État de Palestine. Cette vague de reconnaissances se poursuit au début des années 2010, période durant laquelle de nombreux pays d’Amérique latine annoncent leur reconnaissance, souvent en réaction à l’évolution du contexte du conflit israélo-palestinien.
Pays européens
En Europe, la question reste divisée. La plupart des pays du continent ayant reconnu la Palestine sont d’anciens membres du bloc communiste, tels que la Hongrie, la Pologne, la Bulgarie, la Roumanie ou la Tchécoslovaquie, reconnaissant l’État palestinien peu après la déclaration de 1988, suivis de Chypre et Malte. La Suède est le premier pays d’Europe occidentale à reconnaître officiellement la Palestine, en 2014. Après le début du conflit à Gaza en 2023, de nouveaux États européens – notamment la Norvège, l’Irlande, l’Espagne, la Slovénie et l’Arménie – annoncent également leur reconnaissance de la Palestine, principalement en 2024.
D’autres nations membres de l’Union européenne et du G7, comme l’Allemagne, le Portugal, la France ou l’Italie, ont jusqu’à présent conditionné une éventuelle reconnaissance de l’État de Palestine à une résolution négociée du conflit avec Israël.
Revendications diplomatiques et adhésions internationales
La Palestine bénéficie également d’une reconnaissance institutionnelle partielle. Elle est admise en tant que membre de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) depuis 2011 et a obtenu le statut d'État observateur non-membre à l’ONU en 2012, ce qui lui permet de participer aux réunions et traités internationaux sans droit de vote. Depuis 2015, la Palestine est aussi membre de la Cour pénale internationale.
Situation en 2024
Selon diverses sources officielles, entre 142 et 148 États membres de l’Organisation des Nations unies (ONU) reconnaissent l'État de Palestine, ce qui représente environ trois quarts des États membres de l’organisation. Les variations de ce nombre s’expliquent par des évolutions de la position officielle de certains pays. En Europe, la dynamique de reconnaissance s’est intensifiée début 2024 avec plusieurs nouveaux pays européens engageant ce processus. La France a annoncé sa décision de reconnaître prochainement l’État de Palestine lors de l’Assemblée générale de l’ONU, ce qui ferait d’elle le premier pays du G7 à adopter cette position si elle est mise en œuvre.
Opposition à la reconnaissance
Certaines grandes puissances occidentales, telles que les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, le Japon et l’Australie, n’ont pas reconnu l’État de Palestine, privilégiant une résolution du conflit par la voie de la négociation entre les parties concernées. L’opposition à la reconnaissance unilatérale s’explique en partie par le souhait que la souveraineté palestinienne soit reconnue dans le cadre d’un accord bilatéral et d’une solution à deux États.
Conclusion
La reconnaissance de l’État de Palestine sur la scène internationale constitue un enjeu diplomatique marqué par une division entre une majorité des pays du Sud global et plusieurs États occidentaux. Elle reflète l’évolution du contexte du conflit israélo-palestinien et alimente le débat sur la souveraineté, la diplomatie multilatérale et les conditions de la paix au Proche-Orient.