Introduction
Le cas de Jean-René Auffray, un joggeur de 50 ans, retrouvé mort en septembre 2016 dans une vasière envahie d'algues vertes à l'embouchure du Gouessant, Côtes-d'Armor, a abouti à la condamnation inédite de l'État français. Cette décision établie pour la première fois en juin 2025, consacre un lien direct entre la mortalité humaine et les marées vertes causées par les activités agricoles intensives en Bretagne.
Les algues vertes et leurs dangers
Depuis 1971, les côtes bretonnes voient s’échouer annuellement des tonnes d’algues vertes, nourries principalement par les nitrates provenant d'engrais agricoles et des déjections animales. En se décomposant, ces algues dégagent du sulfure d'hydrogène (H2S), un gaz potentiellement mortel en forte concentration.
Circonstances du décès
Jean-René Auffray, adepte du trail, est décédé d'un œdème pulmonaire massif et fulgurant. Le rôle des algues vertes a été suspecté en raison du sulfure d'hydrogène qu'elles émettent. Plusieurs rapports, non présentés initialement, ont servis de preuve pour établir l'intoxication mortelle due à l'inhalation de ce gaz toxique.
Procédure judiciaire
La famille Aufray a saisi la justice en juillet 2019, réclamant indemnisations auprès de l'État et des collectivités locales. En première instance, le tribunal administratif de Rennes avait rejeté la demande, le rapporteur public considérant qu'un lien direct entre décès et algues ne pouvait être établi.
Après appel de la famille, la cour administrative d'appel de Nantes a infirmé ce jugement. Elle a jugé l'État responsable à 60% pour carences dans la mise en œuvre des réglementations environnementales européennes et nationales, en matière de pollution agricole. L'État doit verser à la famille au total 330 000 euros.
Conséquences et implications
Cette décision judiciaire est saluée pour son aspect inédit. Elle a été perçue comme un point de bascule pour la reconnaissance du danger lié aux algues vertes et l'implication des politiques publiques dans ce phénomène. Les autorités sont maintenant poussées à renforcer les mesures pour contrôler la qualité des eaux et limiter l'usage des nitrates.
Cette affaire éclaire également les dangers pour la santé humaine, posant un précédent juridique pour d'éventuelles poursuites futures similaires. Le verdict attire l'attention sur l'urgence d'une réforme agricole et environnementale en Bretagne et potentiellement sur tout le territoire national.