Achat stratégique d'avions F-35 pour la dissuasion nucléaire
Le Royaume-Uni a annoncé son intention de renforcer sa dissuasion nucléaire au sein de l'Alliance de l'Atlantique Nord (Otan) en procédant à l'achat de douze avions F-35A capables de transporter des ogives nucléaires. Cette décision a été officialisée par Downing Street le mardi 23 juin, et doit être formellement annoncée par le Premier ministre Keir Starmer lors du sommet de l'Otan à La Haye. Selon le bureau du Premier ministre, cet achat représente « le plus grand renforcement du dispositif nucléaire du Royaume-Uni depuis une génération ».
Contexte géopolitique et technique
Depuis la fin de la Guerre froide, le Royaume-Uni a principalement compté sur ses sous-marins nucléaires pour assurer sa dissuasion nucléaire. Cependant, face à l'évolution de la situation géopolitique, marquée par le conflit de trois ans entre la Russie et l'Ukraine, le Royaume-Uni considère la nécessité de diversifier et renforcer son arsenal nucléaire. C'est ce contexte d'« incertitude radicale » qui pousse Londres à investir dans l'achat de ces avions de chasse F-35A du constructeur Lockheed Martin, qui, contrairement aux F-35B déjà en service au Royaume-Uni, sont conçus pour transporter des ogives nucléaires.
Alignement stratégique avec l'Otan
Cette initiative démontre également l'engagement du Royaume-Uni à consolider sa contribution au sein de l'Otan en collaborant de concert avec les États-Unis, auxquelles les ogives nucléaires déployées seront associées. Actuellement, sept autres membres de l'Otan, dont les États-Unis, l'Allemagne et l'Italie, possèdent des avions capables de transporter des ogives nucléaires américaines B61. Par cet achat, le Royaume-Uni ajoute un volet aéroporté à sa stratégie de dissuasion.
Implications financières et militaires
Ce renforcement stratégique s'inscrit dans un cadre plus large d'augmentation des dépenses de défense du Royaume-Uni. Conformément à un engagement pris envers l'Otan, Londres vise à consacrer 5% de son produit intérieur brut aux dépenses de sécurité d'ici 2035. Cela inclut aussi le développement d'autres capacités militaires, telles que la construction de douze sous-marins nucléaires d'attaque dans le cadre de l'alliance Aukus avec les États-Unis et l'Australie.
Réactions et perspectives
Le secrétaire général de l'Otan, Mark Rutte, s'est félicité de cette initiative, qu'il considère comme une solide contribution britannique à l'Alliance. Cependant, il est important de noter que le Royaume-Uni n'exercera pas un contrôle indépendant sur ces armes nucléaires, leur utilisation nécessitant l'approbation des États-Unis. Ainsi, cette décision illustre une stratégie de défense collective où la souveraineté nucléaire britannique est étroitement liée aux accords internationaux.