Le 11 novembre 2025, des élections législatives se sont tenues en Irak pour élire un nouveau Parlement de 329 sièges. Le scrutin a été suivi de près par des acteurs régionaux et internationaux et s'est déroulé dans un contexte de tensions intérieures et d'influences extérieures.
Contexte politique et socio-économique
Depuis la chute du régime de Saddam Hussein et l'intervention militaire de 2003, l'Irak a connu des phases successives de conflits et de recomposition politique. Le pays, d'environ 46 millions d'habitants, fait face à des déficits d'infrastructures, à des services publics jugés insuffisants et à des niveaux persistants de corruption. Une part de la population, notamment des jeunes, exprime un désenchantement à l'égard du système politique et considère les scrutins comme peu susceptibles d'entraîner des changements concrets.
Modalités du scrutin
Les bureaux de vote ont ouvert à 07:00 (04:00 GMT) et devaient fermer à 18:00 (15:00 GMT), avec des premiers résultats attendus dans les 24 heures suivant la clôture du scrutin. Plus de 21,4 millions d'électeurs étaient inscrits. Plus de 7 700 candidatures étaient enregistrées, dont près d'un tiers de femmes. Le Parlement compte 329 sièges pour des mandats de quatre ans. Un quota impose que les femmes obtiennent au moins un quart des sièges et neuf sièges sont réservés aux minorités. Seuls 75 candidats se présentaient comme indépendants, la loi électorale étant perçue comme favorable aux grandes formations.
Acteurs et équilibres politiques
Conventions de partage des fonctions politiques post-invasion: le poste de président de la République est généralement occupé par un Kurde (poste largement honorifique), la fonction de Premier ministre est traditionnellement exercée par un chiite, et celle de président du Parlement revient généralement à un sunnite. Le Premier ministre sortant, Mohammad Chia al-Soudani, a sollicité un second mandat. Il est arrivé au pouvoir en 2022 avec le soutien d'une alliance regroupant des partis et factions chiites liés à l'Iran.
Le leader chiite Moqtada Sadr a appelé au boycott du scrutin, estimant que l'élection était dominée par des intérêts sectaires et partisans; son retrait a une influence potentielle sur la mobilisation électorale. Les partis sunnites se présentent pour la plupart séparément, avec l'ancien président du Parlement Mohamed al-Halboussi cité comme figure importante. Dans la région autonome du Kurdistan, la rivalité entre le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) et l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) demeure un enjeu régional.
Sécurité et influence internationale
L'Irak maintient des relations étroites et concurrentes avec l'Iran et les États-Unis. Les États-Unis maintiennent une présence militaire d'environ 2 500 soldats sur le territoire et exercent des pressions pour réduire l'influence et l'activité de groupes armés pro-iraniens. Certaines factions armées alignées sur l'Iran ont réduit leurs attaques contre les forces américaines à la suite de pressions internes et extérieures. Des acteurs internationaux ont exprimé leur intérêt pour le déroulement du scrutin et ses conséquences sur l'équilibre régional.
Déroulement le jour du vote
Des opérations de vote spéciales ont été organisées pour certaines catégories, notamment pour les forces de sécurité et pour des personnes déplacées. L'ouverture des bureaux a été marquée par le vote de responsables politiques dans des bureaux de Bagdad. Des reportages sur place ont signalé une présence visible des forces de l'ordre et des files pour le vote dans des camps de personnes déplacées. Des inquiétudes ont été exprimées quant à une participation électorale faible, en comparaison du taux de 41 % relevé en 2021.
Enjeux post-électoraux
Le résultat du scrutin doit définir les équilibres entre coalitions chiites, sunnites et kurdes et déterminer la désignation du futur Premier ministre. Si aucun bloc n'obtient de majorité, des négociations interpartites prolongées sont attendues pour la formation d'un gouvernement. Les priorités signalées pour l'ordre politique et social incluent la lutte contre la corruption, l'amélioration des services publics et la gestion des tensions liées aux milices armées. Des précédents récents de contestation et de violences montrent que la capacité des autorités à répondre à ces enjeux est perçue comme un élément déterminant pour la stabilité intérieure.
Perspectives
Le scrutin constitue une étape institutionnelle dans le processus politique irakien. Les observateurs et acteurs nationaux et étrangers suivent l'issue des négociations post-électorales, l'évolution des niveaux de participation et la capacité du futur Parlement et du gouvernement à traiter les problèmes économiques, sécuritaires et institutionnels identifiés par la population.








