Contexte et parcours judiciaire
Georges Ibrahim Abdallah, ancien instituteur libanais, a été condamné à la réclusion à perpétuité en 1987 pour complicité dans les assassinats de deux diplomates, l'Américain Charles Ray et l'Israélien Yacov Barsimantov, en France en 1982. Abdallah était le dirigeant des Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL), un groupe de chrétiens libanais marxistes dissous depuis 1984, qui visait des intérêts israéliens et américains dans le contexte de la guerre civile libanaise et de l'invasion israélienne au Sud-Liban.
Identifié par ses empreintes dans une cache d’armes utilisée lors des assassinats, Georges Abdallah a toujours nié son implication directe dans ces meurtres, tout en refusant de condamner ce qu'il considérait comme des "actes de résistance" contre l'oppression israélienne et américaine. Sa peine de détention a été marquée par une dizaine de rejets successifs de demandes de libération conditionnelle, malgré le fait qu'il était libérable depuis 1999.
Décision de libération et conditions
La cour d'appel de Paris a prononcé sa libération sous réserve qu'il quitte le territoire français et n’y revienne plus. Cette décision est intervenue la semaine précédant sa sortie effective, estimant la durée de détention disproportionnée au regard de l’âge d’Abdallah et du fait que les FARL n’avaient plus commis d’actes violents depuis 1984. Le parquet général et les autorités américaines s’étaient opposés à cette libération et ont engagé un pourvoi en cassation, sans effet suspensif, n’empêchant donc pas son départ de France.
Libération, transfert et arrivée au Liban
Dans la nuit du 25 juillet, un convoi est parti du centre pénitentiaire de Lannemezan (Hautes-Pyrénées) en direction de l’aéroport de Tarbes, d'où Abdallah a rejoint Paris. À l'aéroport de Roissy, il a pris un vol à destination de Beyrouth. Ce transfert a été confirmé par des sources proches du dossier et par son avocat, Jean-Louis Chalanset. À sa sortie, Abdallah n’a emporté qu’une petite valise et avait confié à son comité de soutien ses effets personnels restants.
À son arrivée à l’aéroport international de Beyrouth, il a été accueilli par un groupe de sympathisants et de personnalités politiques locales. Le gouvernement libanais n’a pas fait de déclaration officielle concernant cet événement. Par la suite, Abdallah devait se rendre dans son village natal de Kobayat, au nord du Liban, où un accueil lui était réservé.
Considérations judiciaires et symboliques
Les magistrats de la cour d’appel ont souligné le caractère symbolique de la longue détention d’Abdallah, la jugeant disproportionnée, et noté qu’il ne présentait plus de risque de trouble à l’ordre public. Ils ont toutefois relevé l'absence d'évolution de ses positions et l'absence de regret ou de compassion exprimée pour les victimes. Georges Abdallah demeure une figure médiatique en raison de sa condamnation, du contexte politique de ses actes et du débat sur la légitimité de sa détention prolongée en France.