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Mobilisation « Bloquons tout » : genèse et déroulement
Résumé
Cet article retrace la construction, les revendications, les acteurs et les réponses institutionnelles liées à la mobilisation dite « Bloquons tout », organisée pour le 10 septembre. Il présente l'origine du mouvement sur des plateformes numériques, son extension, les positions des syndicats et de l'État, les actions annoncées localement et les questions liées à l'information et à la sécurité.
Origine et construction du mouvement
L'appel « Le 10 septembre, la France s'arrête » a été publié pour la première fois le 21 mai sur un canal Telegram nommé « Les Essentiels ». Ce canal est présenté par ses animateurs comme un point de ralliement et est lié à plusieurs comptes et un site internet portant le même label. Selon les comptes rendus médiatiques, Julien Marissiaux est identifié comme l'un des animateurs de ce canal.
Le 15 juillet, l'annonce par le gouvernement d'un plan d'économies a produit une augmentation des partages et des créations de comptes et de pages liées à l'appel. Des analyses de présence en ligne (Visibrain) ont relevé une hausse des messages et des contenus associés, des hashtags et des comptes apparentés. Le 17 août, le soutien public de responsables politiques et d'organisations (citations disponibles dans les sources) a modifié la visibilité et la diffusion du mouvement sur plusieurs réseaux sociaux.
Revendications et formes d'action proposées
Les revendications recensées dans les messages publics et entretiens comprennent le rejet d'un plan d'économies gouvernemental, l'opposition à la suppression éventuelle de jours fériés, des critiques de mesures relatives aux prestations sociales et aux retraites, ainsi que des demandes de taxation des plus hauts revenus. Certaines propositions d'action reportées sur les canaux et forums vont de la participation à des manifestations et à des grèves à des initiatives individuelles (boycott de la carte bancaire, retrait d'argent liquide) et à des opérations de blocage ciblant des infrastructures ou des sites de distribution.
Parmi les actions évoquées figurent le blocage d'axes routiers et de péages, des opérations autour d'entrepôts logistiques, des perturbations dans les transports (gares, aéroports), des blocages d'établissements d'enseignement et des opérations symboliques dans la grande distribution.
Composition des participants et relais
Le mouvement rassemble des profils divers : participants issus des mobilisations antérieures (gilets jaunes), militants de partis politiques de gauche, syndicalistes d'organisations variées et citoyens non affiliés. Les niveaux d'engagement et les motivations individuelles diffèrent selon les régions et les collectifs locaux.
Des analyses de réseaux sociaux ont aussi signalé la présence de comptes automatisés et d'opérations d'amplification visant à accroître la visibilité de certains messages. Des autorités ont mentionné des reprises opportunistes par des acteurs étrangers sur certaines thématiques, sans pour autant qualifier ces opérations de coordination à grande échelle.
Position et rôle des syndicats
Les syndicats nationaux ont adopté des positionnements distincts. La CGT a appelé à rejoindre l'initiative du 10 septembre et prévoit également une journée intersyndicale de mobilisation le 18 septembre. D'autres organisations syndicales, comme la CFDT et une partie de Force Ouvrière (FO), ont déclaré ne pas soutenir l'appel du 10 septembre, privilégiant des formes de mobilisation différentes ou une autre date d'action. Des fédérations et syndicats sectoriels (cheminots, transports urbains, aériens) ont déposé ou annoncé des préavis de grève couvrant certaines journées.
Réponse des autorités et consignes opérationnelles
Les services de renseignement et des notes internes ont évalué des scénarios de perturbation et, dans certains comptes rendus, estimé des ordres de grandeur de participation. Le ministre de l'Intérieur a adressé des instructions aux préfets demandant la mobilisation des moyens nécessaires pour empêcher ou lever rapidement les blocages d'infrastructures jugées essentielles. Il a déclaré ne pas s'attendre à « des mouvements d'ampleur » tout en mettant en garde contre la possibilité d'actions ponctuelles visant des sites stratégiques et en appelant à la fermeté en cas de dégradations.
Des consignes opérationnelles ont ciblé la protection des bâtiments publics et des infrastructures, la mobilité des forces de sécurité et la mise en place d'interventions rapides pour le rétablissement de l'ordre public. Les autorités ont indiqué vouloir préserver le droit de manifester dans le cadre légal.
Questions liées à l'information et à la presse
Un document publié par le ministère de l'Intérieur — le Schéma national des violences urbaines — a suscité des réactions dans la profession journalistique en raison d'un passage relatif au « statut des journalistes » dans le contexte des violences urbaines. Des syndicats de journalistes ont estimé que certaines formulations pouvaient restreindre l'accès des reporters à des zones de mobilisation et ont engagé des actions juridiques pour contester le dispositif.
Préparations locales et exemples d'initiatives
Divers collectifs et syndicats ont organisé des réunions préparatoires et des assemblées publiques dans plusieurs villes. Des actions locales rapportées dans les médias et documents publics comprennent des rassemblements et préparations à Montpellier, Rennes, Bordeaux, Perpignan, Flers, Bayeux, Dijon, Saint-Nazaire, ainsi que des points de blocage envisagés dans la région Pays de la Loire. Des opérations ciblées ont été signalées, notamment des projets de blocage d'un péage autoroutier et d'actions dans des hypermarchés.
Données chiffrées et incertitudes
Des services ou notes internes ont fourni des estimations de participation (ordre de grandeur cité : 100 000 personnes), mais les prévisions varient et les autorités ont souligné la difficulté d'anticiper l'ampleur d'un mouvement horizontal et sans leadership évident. Les modalités concrètes d'action et l'ampleur réelle des perturbations dépendront des dynamiques locales, des prises de position des organisations syndicales et de la réponse policière.
Enjeux et points d'attention
Les principaux enjeux identifiés sont la capacité des acteurs à articuler des revendications et des modalités d'action, la gestion des risques de dégradations et d'entraves aux infrastructures essentielles, la protection du droit d'informer et la gestion de la perception publique de la mobilisation. Les autorités ont fait connaître leur intention d'intervenir rapidement en cas de blocages affectant des infrastructures stratégiques, tandis que des collectifs locaux ont cherché à coordonner des actions variées via des canaux numériques et des assemblées locales.
Sources et méthodologie
Le présent article synthétise des informations provenant d'une série de reportages et dépêches locales et nationales, d'analyses de réseaux sociaux mentionnées dans la presse spécialisée et de communiqués publics émanant d'organisations syndicales et des autorités. Il vise à présenter une vue d'ensemble factuelle et structurée des éléments disponibles au moment de la rédaction.