Contexte
Cédric Jubillar est jugé devant la cour d'assises du Tarn, à Albi, pour le meurtre de son épouse Delphine, disparue dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020. L'accusé conteste les faits. L'instruction et l'audience se déroulent en l'absence de corps, de scène de crime clairement identifiée et de témoignages établissant de manière certaine le déroulement des événements.
Déroulement de la troisième journée d'audience
La séance a commencé par l'audition de témoins ayant contacté la gendarmerie dans les premières heures suivant la disparition. Un chauffeur a déclaré avoir aperçu, vers 5h50–5h55, une silhouette vêtue d'une doudoune beige marchant en bordure de la route en direction de Gaillac. Le conducteur a précisé n'avoir pu affirmer le sexe de la personne en raison de la distance et des conditions de visibilité.
Un autre témoin, se rendant à son travail, a déclaré avoir vu une voiture stationnée sur un chemin avec l'éclairage intérieur allumé. Ce véhicule a été identifié par ce témoin comme une Peugeot (modèles évoqués : 207 ou 308), de couleur bleue ou noire. Une collègue a confirmé avoir aperçu le même véhicule. Les témoins situent l'observation sur le chemin de Pignès, à Cagnac-les-Mines, à environ deux kilomètres du domicile du couple.
Un troisième témoin a déclaré avoir vu la même voiture vers 5h30 et avoir observé de la lumière à l'intérieur, ce qui lui avait paru inhabituel à cet endroit.
La défense a soutenu que les personnes aperçues ne pouvaient pas être l'accusé, affirmant que Cédric Jubillar se trouvait, selon elle, en présence de gendarmes à l'heure des faits. Elle a par ailleurs critiqué les délais et la méthode d'audition des témoins, indiquant que certains éléments n'avaient été recueillis que treize jours après les faits.
Représentation des recherches et mesures d'enquête
Dans les premiers jours suivant la disparition, les moyens de recherche mobilisés ont inclus des patrouilles, des équipes cynophiles (trois chiens de recherche mentionnés) et des opérations de quadrillage. Une battue à laquelle ont participé des citoyens volontaires a rassemblé, selon les déclarations en audience, environ 1 500 personnes le 23 décembre 2020. Les gendarmes ont indiqué que les recherches avaient été immédiates et diversifiées, mobilisant des réservistes et l'ensemble des moyens disponibles dans le département.
Les juridictions et les parties ont rappelé l'importance de l'absence de corps et de scène de crime dans l'appréciation des éléments matériels rassemblés.
Points soulevés par la défense et réponses des enquêteurs
La défense a relevé des omissions dans les premiers rapports, notamment une déclaration attribuée à la meilleure amie de la disparue selon laquelle Delphine se promenait parfois à pied la nuit. Selon la défense, cette information contredirait l'idée selon laquelle Delphine n'aurait pas l'habitude de sortir seule la nuit.
La défense a également évoqué la présence possible d'un "petit fourgon blanc" garé devant le domicile le soir des faits, élément non mentionné par les patrouilles initiales. Les gendarmes présents ont déclaré ne pas l'avoir constaté, sans toutefois exclure qu'un tel véhicule ait pu se trouver sur les lieux.
La défense a accusé les premiers investigateurs d'avoir orienté l'enquête principalement vers l'accusé. Le major en charge à l'époque a nié cette orientation exclusive, affirmant que les différentes pistes, y compris familiales, avaient été examinées et qu'aucune n'avait été écartée a priori.
Situation des enfants et intervention de l'accusé
L'administratrice chargée des intérêts des enfants a témoigné en séance, décrivant le fils aîné comme manifestant une forte colère envers son père et affirmant être convaincu de la responsabilité de son père dans la disparition de sa mère. Le fils, Louis, avait six ans au moment de la disparition et est âgé de onze ans au moment du procès ; la fille, Elyah, avait 18 mois au moment des faits.
Interrogé sur l'attitude de ses enfants, Cédric Jubillar a répondu, par l'intermédiaire de la présidente, qu'il ne comprenait pas la position de son fils et a réaffirmé qu'il n'avait pas tué Delphine. Il a indiqué chercher des modalités de contact avec ses enfants et a évoqué des difficultés administratives pour recevoir des visites ou envoyer du courrier depuis sa détention.
Procédure en cours et suites attendues
La cour doit encore entendre d'autres gendarmes et le directeur d'enquête. La défense et les parties civiles présentent des objections et observations sur la conduite des investigations et sur la prise en compte de certains éléments témoignagers.
La procédure se poursuit avec la suite des auditions et des éléments d'enquête présentés devant la cour.