Approbation du projet
Le gouvernement italien a officiellement approuvé la construction d'un pont suspendu visant à relier l'île de Sicile au continent, au-dessus du détroit de Messine. Ce projet, d'un coût estimé à 13,5 milliards d'euros et financé par l'État, a reçu son feu vert définitif de la part d'un comité ministériel. L'annonce a été faite par le vice-Premier ministre et ministre des Infrastructures, Matteo Salvini, et soutenue par d'autres membres du gouvernement.
Caractéristiques techniques de l'ouvrage
Le pont est conçu pour être le plus long pont suspendu au monde. Il comportera deux voies ferrées au centre et trois voies routières de chaque côté. La structure sera soutenue par deux tours de 400 mètres de haut et des câbles principaux. La portée suspendue atteindrait 3 300 mètres. Le tracé a été conçu pour accepter les conditions environnementales locales, y compris la résistance aux vents violents et aux tremblements de terre, le site se situant à la jonction de deux plaques tectoniques.
Historique du projet
Plusieurs tentatives de lancement du projet ont eu lieu au cours des cinquante dernières années. Les plans initiaux datent d’il y a plus de cinq décennies. En 2006, le consortium Eurolink, dirigé par le groupe italien Webuild, avait remporté l'appel d'offres, mais le projet fut suspendu après la crise de la dette dans la zone euro. Le consortium reste aujourd'hui le contractant du projet relancé.
Arguments en faveur du pont
Le gouvernement présente le pont comme un vecteur de développement économique, avec des retombées potentielles pour la Sicile et la Calabre, identifiées parmi les régions les plus pauvres du pays. Les autorités avancent que la construction générera des emplois et que l’ouvrage améliorera la connectivité nationale. L’achèvement du pont est prévu pour 2032.
Controverses et oppositions
Le projet fait l’objet de critiques sur plusieurs fronts. Certains acteurs locaux, des organisations environnementales et des parties de la société civile remettent en question l’impact écologique du chantier, notamment en ce qui concerne les écosystèmes marins et la migration des oiseaux. Des inquiétudes touchent aussi le coût du projet, certains estimant que ces ressources financières pourraient être affectées à d’autres priorités. Enfin, des doutes subsistent sur la capacité de l’Italie à mener à bien de tels travaux publics, en raison d'une histoire marquée par des projets interrompus ou non achevés.
Dimension juridique et sécuritaire
Afin de faciliter la procédure et de sécuriser le financement, le gouvernement italien a classé le projet dans les dépenses de défense, évoquant l’importance stratégique du pont compte tenu de la présence d’une base de l’OTAN en Sicile. Cette mesure vise à rendre le projet éligible à certains dispositifs de financement dédiés à la défense nationale.
Le gouvernement a également abordé les questions relatives au contrôle des flux financiers et à la lutte contre une possible infiltration mafieuse dans le marché des travaux publics, faisant écho à des préoccupations exprimées par l’autorité italienne anticorruption (ANAC).
Conclusion
Le lancement du chantier du pont suspendu entre la Sicile et le continent italien marque la reprise d’un projet plusieurs fois ajourné. Il s’agit d’un ouvrage d’ampleur technique significative et d’une politique d’investissement stratégique pour le pays, sujet à débat public et oppositions multiples, notamment en matière d’environnement, de coût et de gouvernance.