Contexte et Proposition
La Commission européenne a récemment proposé un changement significatif dans ses politiques concernant le renvoi des demandeurs d'asile. Cette initiative vise à assouplir les règles actuelles, permettant de renvoyer ces individus vers des pays considérés comme "sûrs" par les États membres de l'Union européenne, sans nécessité de liens antérieurs entre le demandeur d'asile et le pays en question. Actuellement, un "lien"—tel qu'un membre de la famille résidant dans le pays de renvoi ou une expérience professionnelle antérieure là-bas—est requis pour procéder à un tel transfert.
Réactions des ONG
Les organisations non-gouvernementales (ONG) ont exprimé de vives préoccupations quant à cette proposition. Elles craignent qu'elle n'expose l'Union européenne à la pression des pays tiers qui reçoivent ces migrants, lesquels pourraient exiger des contreparties politiques ou financières. Les ONG argumentent également que sans liens, les demandeurs d'asile renvoyés pourraient tenter de revenir en Europe, rendant l'approche potentiellement inefficace.
Des voix critiques au sein des ONG, comme Sarah Chander de l'Equinox Initiative for Racial Justice et Josephine Solanki du Transnational Institute, qualifient cette stratégie de fiction politique, soulignant que le concept de sécurité est « cyniquement » utilisé pour servir les objectifs politiques de l'Union.
Objectifs de la Commission
Face à ces critiques, la Commission européenne maintient que l'objectif principal de cette proposition est d'accélérer le traitement des demandes d'asile tout en garantissant que les pays de renvoi respectent les droits fondamentaux des individus. La proposition doit encore être approuvée par le Parlement européen et les États membres pour entrer en vigueur.
Pression Politique
Ce changement survient dans un contexte de pression croissante sur l'UE de la part de certains États membres demandant un durcissement de la politique migratoire, notamment sous l'influence de la hausse des partis de droite et d'extrême droite en Europe. En réponse, la Commission avait précédemment envisagé d'autres mesures, comme la création de centres pour migrants en dehors des frontières de l'UE, afin de faciliter les renvois.
Situation Actuelle
Paradoxalement, cette intensification des contrôles s'annonce alors même que les passages clandestins aux frontières de l'UE auraient atteint leur niveau le plus bas depuis 2021, d'après l'agence Frontex. Cette diminution est en partie attribuée aux perturbations causées par le Covid-19 en termes de mouvements migratoires. Le débat demeure intense entre gestion des flux migratoires et respect des engagements européens en matière de droits de l'homme.