Le 13 mai 2025, la junte militaire au pouvoir au Mali a pris deux décisions marquantes : la suspension de la chaîne française TV5 Monde et la dissolution de tous les partis politiques et organisations à caractère politique sur le territoire national.
Contexte Historique
Le Mali est dirigé par une junte militaire, mise en place à la suite de deux coups d'État en août 2020 et mai 2021. Le régime actuel cherche à consolider son pouvoir en introduisant diverses restrictions aux libertés. Ces mesures incluent la suppression de la liberté de la presse et des droits politiques, exacerbant les tensions entre la junte et l'opposition nationale.
Suspension de TV5 Monde
La Haute Autorité de la Communication (HAC) au Mali a annoncé la suspension de la chaîne TV5 Monde, accusant celle-ci de partialité dans son reportage sur une manifestation de l'opposition. L'événement en question avait eu lieu le 3 mai 2025 lorsque plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées à Bamako pour protester contre la possible dissolution des partis. Cette décision n'est pas sans précédent, car TV5 Monde avait connu une suspension de trois mois par la junte en 2024. De même, d'autres médias français tels que France 24 et Radio France Internationale (RFI) ont subi des suspensions permanentes.
Dissolution des Partis Politiques
Le même jour, la junte a proclamé la dissolution de tous les partis politiques et organisations politiques via un décret présidentiel lu à la télévision publique malienne. Cette décision avait été redoutée par l'opposition et faisait suite à des consultations nationales tenues fin avril. Ce décret a suivi l'abrogation d'une charte des partis qui encadrait leurs fonctionnements. Avant cette dissolution, environ 300 partis politiques étaient recensés au Mali.
Une nouvelle coalition d'une centaine de partis s'est formée pour contester ces mesures, exigeant un retour à l'ordre constitutionnel et la fin de la transition politico-militaire d'ici fin 2025. Malgré ces efforts, les militaires n'ont pas respecté leurs engagements de céder le pouvoir à un gouvernement civil élu en mars 2024, renforçant ainsi leur mainmise sur le pays.
Conséquences et Réactions
L’opposition fait face à des accusations judiciaires, à la dissolution de leurs organisations et à une pression générale pour intégrer la ligne du régime en place. La situation au Mali est également caractérisée par une crise économique sévère et la menace persistante du jihadisme depuis 2012. Le pays, avec le Niger et le Burkina Faso, fait partie de l’Alliance des États du Sahel (AES), regroupant des juntes militaires arrivées au pouvoir durant cette période dans la région. Des groupes de défense des droits humains critiquent ces régimes pour leur répression des voix dissidentes sous couvert de lutte contre le terrorisme.
Cette série de décisions illustre la capture progressive de la vie politique malienne par la junte et le durcissement de son régime, ce qui intensifie les préoccupations internationales sur l'avenir démocratique du Mali.