Méthodologie
L'étude porte sur la période 2010-2023 et s'appuie sur une approche ascendante (bottom-up) fondée sur des données de terrain et des enquêtes épidémiologiques auprès de consommateurs. Les auteurs présentent trois scénarios d'estimation (basse, centrale, haute) pour le chiffre d'affaires national des drogues illicites.
Estimations globales
L'estimation centrale du chiffre d'affaires des drogues illicites en France métropolitaine en 2023 est de 6,8 milliards d'euros, avec un intervalle allant de 3,8 à 9,7 milliards selon les scénarios. Sur la période étudiée, le montant total des ventes a augmenté, atteignant une croissance proche du triple par rapport à 2010.
Répartition par substances et volumes
En valeur, la cocaïne est estimée en 2023 comme la première substance du marché, avec un chiffre d'affaires évalué à 3,1 milliards d'euros, devant le cannabis (2,7 milliards d'euros). En volume, le cannabis reste la substance la plus consommée : la consommation annuelle est estimée à environ 397 tonnes pour le cannabis et à environ 47 tonnes pour la cocaïne en 2023.
Entre 2010 et 2023, les quantités consommées de cocaïne sont passées d'environ 15 tonnes à 47,1 tonnes, et celles de cannabis d'environ 224,5 tonnes à 397,4 tonnes dans les estimations centrales.
Évolutions relatives et marchés émergents
Sur la période 2010-2023, la croissance en valeur du marché de la cocaïne est supérieure à celle du cannabis. L'étude note une hausse marquée des psychostimulants : le marché de l'ecstasy/MDMA et celui des amphétamines ont connu des augmentations élevées en valeur et en volume, avec des estimations indiquant une multiplication importante du nombre de comprimés consommés (par exemple, 65,6 millions de comprimés d'ecstasy/MDMA en 2023 contre 11,3 millions en 2010).
Facteurs structurels identifiés
L'analyse signale plusieurs facteurs pouvant expliquer ces évolutions : une augmentation des quantités produites dans les zones de production, des changements du ratio prix-pureté pour certaines substances, des pratiques commerciales et d'emballage en mutation, et l'utilisation d'outils numériques pour les transactions. Ces éléments sont présentés comme contribuant à une accessibilité accrue pour certains consommateurs.
Observations sur les profils de consommation
L'étude met en évidence une diversification des profils de consommateurs de cocaïne et du cannabis. Les auteurs et responsables de la mission interministérielle notent un élargissement géographique et socioprofessionnel des consommateurs, ainsi que des modifications dans les pratiques d'usage (augmentation de la part des consommateurs réguliers pour le cannabis).
Implications et interventions publiques
Les auteurs et autorités ayant relayé l'étude soulignent la nécessité d'adapter les actions publiques aux évolutions observées, en intervenant à la fois sur l'offre et sur la demande. Des constats présentés dans l'étude appellent à renforcer les réponses des services de sécurité, de justice et de santé afin de prendre en compte les transformations du marché.








