Contexte général
La nomination de Sébastien Lecornu au poste de Premier ministre a été annoncée le mardi par le président de la République. Sa désignation intervient dans un contexte politique marqué par des désaccords sur le projet de budget 2026 et par des interrogations quant à la capacité du nouveau gouvernement à obtenir une majorité parlementaire stable.
Discours du Rassemblement national à Bordeaux (14 septembre 2025)
Lors d'un meeting organisé à Bordeaux le 14 septembre 2025, Marine Le Pen, présidente du groupe Rassemblement national (RN), a affirmé que le gouvernement de Sébastien Lecornu « sera censuré, probablement dans quelques semaines ou dans quelques mois ». Elle a appelé les militants du RN à se préparer à de nouvelles élections législatives et a présenté Jordan Bardella comme le candidat que son camp proposerait pour le poste de Premier ministre en cas de victoire du RN.
Au cours de cette intervention, Marine Le Pen a critiqué la démarche de consultations annoncée par le Premier ministre et a exposé les priorités politiques que le RN entendrait défendre en cas d'arrivée à Matignon : redressement des comptes publics, pouvoir d'achat, sécurité et politique migratoire.
Conseils et mises en garde d'élus et d'anciens responsables politiques
Michel Barnier, ancien commissaire européen et personnalité politique, a conseillé à Sébastien Lecornu de « ne pas faire confiance » au RN et lui a recommandé de rechercher un « accord de non-censure » avec le Parti socialiste (PS). Il a rappelé son expérience politique et préconisé l'élaboration d'une feuille de route budgétaire équilibrée impliquant consultations avec les forces politiques, professionnelles et syndicales.
François Hollande, ancien président de la République, a également appelé le Premier ministre à négocier avec le PS. Il a demandé que les grandes fortunes et certaines entreprises participent à l'effort de redressement des comptes publics. Dans des déclarations publiques, il a indiqué que l'absence d'un compromis avec le PS pourrait conduire à une dissolution de l'Assemblée nationale et a proposé de suspendre la mise en œuvre de la réforme des retraites en 2026, en renvoyant la décision sur l'âge de départ aux électeurs en 2027.
Débat sur le budget 2026 et propositions de compromis
La préparation du budget 2026 est au centre des discussions. François Bayrou avait initialement fixé une cible de 44 milliards d'euros d'économies. Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée nationale, a proposé le 14 septembre 2025 de viser un compromis autour de 35 à 36 milliards d'euros d'économies, estimant qu'il convenait de réduire l'ambition initiale pour faciliter un accord parlementaire.
Braun-Pivet a salué la décision du Premier ministre d'abandonner le projet de suppression de deux jours fériés comme mesure de hausse de recettes. Elle a déclaré refuser un retour sur la réforme des retraites mais s'est dite prête à envisager des pistes de compromis sur la pénibilité et la carrière des femmes. Elle a aussi rejeté la proposition d'appliquer la taxe dite « Zucman » sur les très hauts patrimoines, la qualifiant de « pas d'une bonne piste ».
François Hollande et Michel Barnier ont chacun insisté sur la nécessité d'obtenir un engagement des socialistes pour éviter une censure et sur la recherche d'une contribution des grandes fortunes et des entreprises à l'effort budgétaire.
Opinion publique et sondages
Deux enquêtes publiées le 14 septembre 2025 ont mesuré la perception du nouveau Premier ministre et du président de la République :
Un baromètre Ipsos/BVA (La Tribune Dimanche), réalisé en ligne du 11 au 12 septembre sur un échantillon de 1 000 personnes selon la méthode des quotas, indique 16 % d'opinions favorables pour Sébastien Lecornu, 40 % d'opinions défavorables et 44 % de personnes déclarant ne pas le connaître suffisamment pour se prononcer. Le même baromètre mesure l'opinion favorable d'Emmanuel Macron à 17 %.
Un sondage Ifop pour le Journal du dimanche (réalisé en ligne du 10 au 11 septembre sur un échantillon de 1 000 personnes selon la méthode des quotas) indique un total de 38 % de satisfaits pour la nomination de Sébastien Lecornu et 62 % de mécontents. L'Ifop mesure la part des satisfaits d'Emmanuel Macron à 19 %.
Ces enquêtes montrent des évaluations contrastées selon les instituts, ainsi qu'une proportion notable d'opinions non tranchées concernant le nouveau chef du gouvernement.
Enjeux et prochaines étapes évoqués
Les acteurs politiques évoquent plusieurs étapes à court terme : consultations menées par le Premier ministre avec les formations politiques, dépôt et examen du projet de budget 2026 au Parlement, et la possibilité de motions de censure si un ou plusieurs groupes s'y engagent. Des responsables politiques ont par ailleurs évoqué la dissolution comme option constitutionnelle en cas d'impasse persistante, tandis que d'autres appellent à rechercher un compromis pour assurer la stabilité gouvernementale.
Synthèse
Les réactions politiques à la nomination de Sébastien Lecornu se répartissent entre appels à la négociation, mises en garde contre le RN, demandes de compromis budgétaire et déclarations d'opposition susceptibles de déboucher sur des procédures parlementaires (motion de censure) ou, selon certains responsables, sur une dissolution. Les sondages publiés début septembre 2025 témoignent d'une perception majoritairement critique ou prudente de l'opinion publique envers le nouveau Premier ministre et d'un niveau de confiance faible à l'égard du chef de l'État selon ces instituts.