Introduction
Des études récentes ont mis en lumière un lien potentiel entre certains troubles de l'humeur apparaissant à un âge avancé et le développement ultérieur de maladies neurodégénératives, telles que la maladie d'Alzheimer. Les recherches, menées principalement par le National Institute for Quantum and Radiological Sciences and Technology au Japon, se sont penchées sur l'accumulation de protéines tau et bêta-amyloïdes, deux marqueurs reconnus de la maladie d'Alzheimer, chez des personnes âgées présentant des troubles psychiatriques.
Étude et Méthodes
L'étude a porté sur 52 individus souffrant de troubles de l'humeur tels que la dépression tardive et le trouble bipolaire, ainsi que sur un groupe témoin de 47 participants sains. Les niveaux de protéines tau et bêta-amyloïdes ont été mesurés à l'aide de techniques d'imagerie cérébrale. De plus, les résultats ont été confirmés par l'analyse de tissus cérébraux provenant de 208 autopsies. Les résultats de cette étude ont été publiés dans la revue Alzheimer’s and Dementia le 9 juin 2025.
Résultats
Les chercheurs ont découvert que 50 % des participants atteints de troubles psychiatriques tardifs présentaient une accumulation anormale de la protéine tau contre 15 % dans le groupe témoin. Cette accumulation était particulièrement concentrée dans les zones du cerveau associées à la régulation des fonctions cognitives. Spécifiquement, 60 % des participants avec une dépression tardive et 40,5 % de ceux avec un trouble bipolaire montraient un excès de protéine tau. Pour les bêta-amyloïdes, les valeurs atteignaient 36 % chez les dépressifs et 22 % chez les bipolaires, en comparaison aux 2 % observés chez les sujets sains.
Conclusion et Implications
L'analyse a également révélé que les troubles de l'humeur pouvaient précéder les symptômes cognitifs d'environ 7,3 ans. Cette découverte suggère que des symptômes psychiatriques pourraient précéder le développement de maladies neurodégénératives. Par conséquent, l'accumulation anormale de protéine tau, détectée par imagerie, pourrait devenir un paramètre clé à surveiller chez les patients ayant connu leur premier épisode dépressif ou maniaque après l'âge de 40 ou 50 ans. Cette approche pourrait permettre une intervention précoce avant l'apparition des symptômes cognitifs.
Importance clinique
Ces résultats sous-entendent un besoin accru de vigilance clinique face aux troubles de l'humeur survenant tardivement, en tant que potentiels prodromes de maladies neurodégénératives. Les chercheurs recommandent que les examens d'imagerie cérébrale intègrent la recherche de ces signes spécifiques pour améliorer le dépistage et l'intervention préventive des démences, y compris la maladie d'Alzheimer.