Contexte de la conférence
Une conférence internationale coorganisée par la France et le Togo s'est tenue à Paris le 30 octobre 2025 pour mobiliser des financements et coordonner une réponse humanitaire pour la région des Grands Lacs.
Annonce principale
Le président français Emmanuel Macron a annoncé, lors de la clôture de la conférence, la mobilisation de plus d'1,5 milliard d'euros d'aide internationale destinée à la région des Grands Lacs, dans le cadre du plan de réponse humanitaire des Nations unies. Le plan des Nations unies a été évalué à environ 2,5 milliards d'euros et, avant la conférence, il était financé à hauteur de 16%.
Mesures opérationnelles annoncées
Les mesures annoncées comprennent la réouverture de l'aéroport de Goma pour des vols humanitaires "dans les prochaines semaines" et l'ouverture de corridors humanitaires sécurisés pour l'acheminement de l'aide, y compris l'envoi de médicaments et de nourriture. Selon plusieurs participants, une partie du montant annoncé correspond à des engagements antérieurs et environ 500 millions d'euros avaient déjà été engagés sur l'année en cours; le calendrier de versement des fonds n'a pas été précisé.
Réactions et réserves
Des représentants présents et des acteurs extérieurs ont exprimé des réserves sur plusieurs points:
- Le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, a indiqué que Paris ne pouvait pas décider de la réouverture de l'aéroport de Goma dans le contexte actuel, en soulignant que le groupe armé M23 contrôle la zone et n'était pas invité à la conférence.
- Le président togolais Faure Gnassingbé a appelé à une plus grande participation africaine dans la gestion de l'aide, à la transparence et à la traçabilité des ressources, et a mis en garde contre le risque de détournement ou de taxation des convois humanitaires.
- Des organisations non gouvernementales ont souligné que les annonces financières devaient se traduire par des mesures concrètes sur le terrain, en demandant notamment la levée des obstacles administratifs et logistiques à l'acheminement de l'aide. Des responsables d'ONG ont aussi interrogé la nature exacte des engagements (pluriannuels ou pour une année) et le calendrier de mise à disposition des fonds.
Contexte sécuritaire et diplomatique
L'est de la République démocratique du Congo (RDC) est marqué par des conflits persistants et des déplacements de populations. Les violences se sont intensifiées depuis le début de l'année 2025, avec la prise de certaines villes par le groupe armé M23. Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir le M23; cette accusation a été au centre des tensions régionales et diplomatiques.
Plusieurs processus de médiation étaient en cours ou cités lors de la conférence: une médiation désignée par l'Union africaine via le Togo, des médiations impliquant les États-Unis et le Qatar, et des discussions conduites à Doha et à Washington. Le gouvernement congolais et le M23 ont signé une déclaration de principes à Doha le 19 juillet 2025 réaffirmant leur engagement en faveur d'un cessez-le-feu permanent; un accord entre la RDC et le Rwanda a également été signé à Washington en juin 2025.
Participants
Environ soixante délégations de pays et d'organisations étaient représentées à la conférence. Des émissaires et négociateurs liés aux médiations américaine et qatarie étaient présents.
Points en suspens
Plusieurs questions restent ouvertes après la conférence: le calendrier précis et la nature des engagements financiers, les modalités sécuritaires pour l'ouverture et l'utilisation de l'aéroport de Goma, la garantie d'accès humanitaire effectif sur le terrain et les mécanismes de contrôle et de traçabilité des ressources destinées à l'aide.








