Contexte de l'affaire
Le 13 juin 2016, un attentat a eu lieu à Magnanville, dans les Yvelines, au domicile de deux policiers. Jessica Schneider, 36 ans, fonctionnaire de police au commissariat de Mantes-la-Jolie, a été tuée sauvagement sous les yeux de son fils de trois ans. Plus tard dans la même journée, son conjoint, Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, commandant au commissariat des Mureaux, a été poignardé à mort alors qu'il revenait chez lui.
Larossi Abballa, l'auteur de l'attentat, a été abattu par les policiers du RAID lors d'une intervention visant à libérer l'enfant pris en otage. Sa mort a entraîné l'ouverture d'autres enquêtes pour déterminer la complicité éventuelle de tiers dans cet acte terroriste.
Procès en appel de Mohamed Lamine Aberouz
Mohamed Lamine Aberouz a été jugé initialement pour complicité dans cet assassinat double. En première instance, il a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans. Le parquet général a requis à nouveau cette peine en appel.
Arguments de l'accusation
La représentante du parquet, Naïma Rudloff, a affirmé que Mohamed Lamine Aberouz était un "membre à part entière de l'État islamique," soulignant sa "haine viscérale pour la police et les institutions." Selon l'accusation, Abballa n'aurait pas pu agir seul le soir du crime. Mme Rudloff a insisté sur le fait qu'il fallait un "sachant," un rôle qu'elle attribue à Aberouz. Elle a présenté divers éléments étayant sa présence sur les lieux :
- Une trace d'ADN sur l'ordinateur des victimes, qualifiée d'"ADN de contact primaire."
- Le comportement imprévisible d'un enfant de trois ans aurait nécessité un soutien supplémentaire lors de l'attaque.
- Aberouz aurait signalé à Abballa l'arrivée de Jean-Baptiste Salvaing au domicile.
- Des actions visant à "brouiller les pistes", comme la suppression du compte Telegram de l'accusé.
Arguments de la défense
La défense menée par Vincent Brengarth a plaidé pour l'acquittement, arguant que Mohamed Lamine Aberouz n'avait aucune responsabilité dans l'attentat. Ils ont dénoncé les approximations et le manque d'éléments concrets dans l'accusation, et ont souligné des zones d'ombre qui ne devraient pas être comblées par des hypothèses contre l'accusé. La défense a mis en avant la présomption d'innocence, estimant que les preuves avancées ne suffisaient pas à établir sa présence sur le lieu du crime. Aberouz affirme qu'il se trouvait à la mosquée au moment de l'attentat, ce que ses frères corroborent malgré l'absence d'autres témoins.
Conclusion
Le verdict de cet appel est attendu samedi. La cour présidée par Frédérique Aline et composée uniquement de magistrats professionnels doit déterminer si les preuves apportées par l'accusation sont suffisantes pour condamner à nouveau Mohamed Lamine Aberouz à la réclusion criminelle à perpétuité pour complicité d'assassinat et autres crimes associés.