Contexte
La technique dite de « spoofing » permet de faire apparaître, lors d’un appel, un numéro qui n’est pas celui de l’émetteur réel. Cette pratique facilite l’usurpation d’identité téléphonique, fréquemment utilisée pour se faire passer pour une banque, une administration ou un service commercial.
Depuis octobre 2024, les opérateurs ont l’obligation de vérifier l’authenticité des numéros appelants affichés. Le cadre législatif comprend notamment la loi du 24 janvier 2020 visant à encadrer le démarchage téléphonique et à lutter contre les appels frauduleux, ainsi que des mesures adoptées en juin 2025 renforçant la lutte contre certaines fraudes.
Mesure annoncée
L'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep) a publié une décision le 2 décembre 2025 prévoyant que, dès le 1er janvier 2026, les opérateurs afficheront par défaut « numéro masqué » lorsque l’authentification du numéro appelant ne peut être assurée pour des raisons techniques. La mesure couvre également les appels émis depuis l’étranger affichant un numéro français non authentifié.
L’Arcep précise que l’affichage « numéro masqué » signifiera soit une dissimulation volontaire du numéro par l’appelant, soit l’impossibilité technique d’authentifier la provenance du numéro. L'option d'afficher un numéro fixe pour les appels non authentifiés a été évoquée antérieurement mais n'est pas retenue dans la décision publiée.
Mise en œuvre et obligations des opérateurs
Les opérateurs ont généralisé un mécanisme d’authentification du numéro d’appelant (MAN) destiné à vérifier la provenance des appels. Ce mécanisme permet, quand les conditions techniques le permettent, de couper les appels non authentifiés et de transmettre des éléments de traçabilité identifiant l’opérateur émetteur. Ces informations doivent faciliter l’identification a posteriori des origines d’appels frauduleux et la coopération entre opérateurs.
Données et motifs de la mesure
Selon l’Arcep, depuis janvier 2025 elle a reçu près de 18 000 signalements d’usurpation de numéros de téléphone. Parmi les plaintes récentes, environ un tiers concernait des spams ou des appels malveillants. Ces chiffres ont motivé le renforcement des règles d’affichage afin de réduire l’efficacité des usurpations visibles immédiatement sur l’écran du correspondant.
Effets attendus et limites
L’objectif principal est de dissuader les destinataires de répondre à des appels dont l’origine ne peut être vérifiée, en rendant moins exploitable l’affichage d’un numéro usurpé. La mesure ne supprime pas la fraude: des appelants légitimes verront parfois leur numéro affiché comme masqué en cas d’échec d’authentification, et les auteurs d’appels malveillants pourront tenter des parades techniques ou augmenter la fréquence de leurs tentatives.
La décision s’inscrit dans un dispositif plus large combinant obligations réglementaires, mécanismes techniques d’authentification et coopération entre opérateurs pour améliorer la traçabilité et la lutte contre les appels frauduleux.








