Contexte
Une commission d'enquête parlementaire a été créée pour examiner d'éventuels liens entre certains mouvements politiques et des réseaux qualifiés d'islamistes. Sa mise en place et la composition de son bureau ont suscité des réactions politiques, en particulier du fait de l'absence d'élus de gauche parmi ses membres dirigeants. Avant l'audition de Jean‑Luc Mélenchon, la commission a également entendu des auteurs de rapports, des chercheurs, des sondeurs et des responsables de services de renseignement.
Audition de Jean‑Luc Mélenchon
Jean‑Luc Mélenchon a été entendu les 6 et 7 décembre 2025 en qualité de codirecteur de l'Institut La Boétie et en tant que dirigeant de La France insoumise (LFI). L'audition a porté sur des questions relatives à d'éventuelles relations entre des personnalités proches du mouvement et des acteurs ou réseaux qualifiés d'islamistes.
Principaux propos tenus
- Il a déclaré que La France insoumise « n'acceptera jamais l'entrisme religieux » et affirmé que « la laïcité de l'État est fondatrice » pour son mouvement.
- Il a reconnu « l'existence d'une menace islamiste au milieu de bien d'autres » et demandé à ne pas confondre « l'islam et l'islamisme », ni « l'islamisme avec le terrorisme ».
- Il a soutenu que les auditions et les rapports entendus par la commission n'avaient pas établi de lien national entre LFI et des réseaux islamistes, estimant que ces travaux avaient fourni des éléments l'innocentant.
- Il a nié toute sympathie pour le régime iranien et réaffirmé l'opposition de son mouvement aux régimes théocratiques.
- Il a expliqué avoir renoncé à « une forme d'anticléricalisme grossier » et a défendu l'usage du terme « islamophobie » en le distinguant des récupérations politiques.
- Sur la présence de certains membres de la gauche à la Marche contre l'islamophobie en 2019, il a précisé que son mouvement n'était pas le seul à y avoir participé.
Questions posées et réponses
Plusieurs députés ont interrogé Jean‑Luc Mélenchon sur des liens présumés entre des élus ou des personnalités proches de LFI et des acteurs liés aux Frères musulmans ou à des réseaux étrangers. Les questions ont porté sur des personnes nommées publiquement, sur la présence d'individus lors de manifestations propalestiniennes et sur des liens allégués avec des agents d'influence. Mélenchon a rejeté les accusations d'entrisme généralisé et a demandé la production de preuves documentées.
Réactions politiques
Des représentants de la majorité et de la droite ont jugé sa prestation évasive et ont estimé que l'audition n'apportait pas de réponses suffisantes aux questions posées. Le ministre de la Ville et du Logement, Vincent Jeanbrun, a estimé que « LFI est aujourd'hui liée à une forme d'islamisme » et a critiqué ce qu'il a considéré comme une tolérance du mouvement à l'égard de l'islam politique. La députée Prisca Thevenot a estimé que Mélenchon n'avait pas répondu aux interrogations. De son côté, le président LR de la commission, Xavier Breton, a précisé que la commission ne visait pas un parti en particulier.
Suite de la procédure
La commission a poursuivi ses auditions et a annoncé la remise prochaine d'un rapport de conclusions. Lors de l'audition, certains auteurs de rapports ont été cités, certains ayant déclaré ne pas avoir observé de stratégie d'entrisme à l'échelle nationale dans la doctrine de la mouvance concernée.
Enjeux soulevés
Les débats ont porté sur la définition et le périmètre de l'islamisme, la distinction entre islam et islamisme, la preuve d'une stratégie d'entrisme partisan, la protection de la laïcité républicaine et les limites d'une intervention législative dans les pratiques religieuses. Ces questions ont été abordées par les membres de la commission et par les personnes entendues.








