Contexte économique
La Bolivie, pays de 11,3 millions d’habitants doté d’une importante population autochtone et de ressources en lithium, fait face à une pénurie de dollars, de carburant et de certains produits alimentaires. L’inflation annuelle a approché 25 % en juillet, un niveau inédit depuis au moins 2008. La baisse continue de la production de gaz naturel depuis 2017 a réduit les recettes d’exportation, alimentant les tensions sur la balance des paiements et la crise économique.
Trajectoire politique récente
Le Mouvement vers le socialisme (MAS) dirige le pays depuis 2006, avec Evo Morales jusqu’en 2019, puis Luis Arce à partir de 2020. Sous Morales, la production intérieure a progressé et le taux de pauvreté aurait reculé d’environ 60 % à 37 %, avec une inclusion accrue des populations indigènes dans la redistribution du pouvoir et des ressources. Confronté à la crise et à une contestation grandissante, Luis Arce a renoncé à solliciter un nouveau mandat.
Candidats et rapports de force
Huit candidats sont en lice. Les enquêtes d’opinion placent en tête Samuel Doria Medina (centre droit, 66 ans) et Jorge Quiroga (droite, 65 ans, ancien président). Les deux favoris sont au coude-à-coude et un second tour est prévu le 19 octobre si aucun candidat ne l’emporte au premier tour. Les figures du MAS, Eduardo Del Castillo et Andrónico Rodríguez (tous deux âgés de 36 ans), sont distancées dans les sondages.
Divisions au sein du MAS et mobilisations
Des différends entre Evo Morales et Luis Arce ont fragmenté le MAS. Des manifestations avec blocages de routes ont paralysé certaines régions, aggravant les difficultés économiques. Empêché par la limite des mandats et visé par un ordre d’arrestation dans une affaire qu’il conteste, Evo Morales ne se présente pas; il appelle au vote nul et évoque des mobilisations en cas de victoire de l’opposition. Il réside dans la région du Chapare.
Orientations programmatiques annoncées
Samuel Doria Medina et Jorge Quiroga proposent un plan de rigueur budgétaire, des coupes dans les dépenses publiques et une ouverture accrue aux investissements privés, avec l’objectif de tourner la page du modèle économique à forte intervention de l’État mis en place sous le MAS. Des analystes recommandent d’éviter des changements brusques, notamment concernant les programmes sociaux qui ont contribué à la réduction de la pauvreté.
Analyses et perception publique
Selon des observations académiques, après près de deux décennies au pouvoir, l’exécutif sortant ne peut imputer la crise à des acteurs externes. Des experts notent par ailleurs qu’une partie de l’opinion publique se dit prête à un ajustement libéral de l’économie et à une réduction du rôle de l’État.
Processus électoral et calendrier
Près de huit millions d’électeurs sont appelés aux urnes dimanche, dans le cadre d’un vote obligatoire. Un débat présidentiel organisé par le Tribunal suprême électoral s’est tenu à Santa Cruz le 1er août 2025, et des meetings se sont poursuivis jusqu’au 9 août 2025. En l’absence de majorité, un second tour est prévu le 19 octobre.