Résumé
Le 18 septembre 2025, les États membres de l'Union européenne ont approuvé à Bruxelles une proposition visant la réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre pour 2035. Le texte adopté présente une fourchette de baisse comprise entre -66,25 % et -72,5 % par rapport à 1990. Le document est qualifié de déclaration d'intention et ne constitue pas, dans sa formulation actuelle, un engagement juridiquement contraignant.
Détails du compromis
La décision retenue fixe une plage d'objectifs pour la réduction des émissions à l'horizon 2035 (entre -66,25 % et -72,5 % par rapport à 1990). Les États membres ont indiqué que cette fourchette pourra être affinée ultérieurement si un accord plus précis est trouvé dans les semaines ou les mois suivants. La Commission européenne a proposé, en complément, des flexibilités de calcul, notamment la possibilité d'acquérir des crédits carbone internationaux jusqu'à 3 % du total.
Positions des États et points de blocage
Les négociations ont mis en évidence des divergences persistantes sur l'objectif climatique pour 2040. La Commission avait proposé une réduction de 90 % des émissions par rapport à 1990 pour 2040. Certains États, dont le Danemark, la Suède et l'Espagne, soutiennent des objectifs plus ambitieux. D'autres, dont la Hongrie et la République tchèque, s'opposent à cette trajectoire en invoquant la protection de leurs industries. La France a exprimé des réserves et demandé des garanties sur le financement de la décarbonation industrielle et des mesures commerciales pour accompagner certains secteurs.
Le Danemark, qui assurait la présidence tournante de l'UE, a présenté la fourchette pour permettre à l'Union d'apporter une position commune avant des échéances internationales. La France et l'Allemagne ont sollicité que la question figure à l'ordre du jour d'un sommet des chefs d'État et de gouvernement prévu le 23 octobre à Bruxelles.
Contexte et calendrier
La validation de cette fourchette intervient avant plusieurs rendez-vous internationaux : l'Assemblée générale des Nations unies et la COP30, prévue à Belém (Brésil), dont l'ouverture est annoncée le 10 novembre 2025. La présidente de la Commission européenne devait présenter l'ambition européenne lors de l'Assemblée générale de l'ONU. Les responsables européens ont indiqué leur intention de préciser la trajectoire 2040 avant la tenue de la COP30 si un accord interne est trouvé.
Réactions et éléments factuels
Plusieurs responsables et organisations ont réagi au compromis. L'eurodéputé Pascal Canfin a qualifié le texte de « non-décision ». Le secrétaire exécutif de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, Simon Stiell, a estimé que la décision était « importante » tout en soulignant la nécessité de la traduire en mesures. Le commissaire européen Wopke Hoekstra a présenté le compromis comme un pas vers un accord plus large.
Des organisations environnementales ont exprimé des critiques à l'égard du report et de la nature non contraignante du texte. Par ailleurs, le service européen Copernicus a annoncé des niveaux d'émissions de carbone records pour l'année en cours en Europe, en grande partie attribués aux incendies de forêt survenus cet été. L'Union européenne s'était déjà engagée à réduire ses émissions de 55 % par rapport à 1990 d'ici 2030 et reste, selon les données disponibles, le quatrième émetteur mondial de gaz à effet de serre.
Suivi
Les États membres ont indiqué qu'ils poursuivraient les discussions sur la trajectoire 2040 et sur le calibrage définitif de l'objectif 2035 dans les semaines et mois à venir. Les modalités de mise en œuvre et la conversion éventuelle de la déclaration d'intention en engagements formels dépendront des négociations internes et des décisions politiques ultérieures.