Le tribunal correctionnel de Nanterre a condamné une nourrice à deux ans et demi de prison ferme et a écarté la circonstance aggravante d'antisémitisme.
Faits
En janvier 2024, les parents de trois enfants gardés par cette nourrice ont présenté des symptômes après avoir consommé des boissons et des produits alimentaires. L'enquête a conclu que des produits d'entretien avaient été versés dans des bouteilles d'alcool et, selon les investigations, qu'un démaquillant et un plat de pâtes avaient également pu être contaminés.
Enquête et garde à vue
Au cours de sa garde à vue, la femme, de nationalité algérienne, a reconnu avoir versé des produits de nettoyage dans des bouteilles d'alcool, en invoquant un conflit lié à sa rémunération pour la garde des enfants âgés de 2, 5 et 7 ans, domiciliés à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Lors d'une perquisition à son domicile, elle a déclaré avoir agi en raison d'un ressentiment lié au pouvoir et à la situation économique de ses employeurs et a tenu une formule faisant référence à la religion de l'employeuse.
Lors du procès, la prévenue a rétracté ses aveux, affirmant avoir « inventé une histoire » sous la pression des policiers.
Procès et réquisitions
Le parquet avait, dans un premier temps, choisi de ne pas retenir la circonstance aggravante d'antisémitisme. Le juge d'instruction a exprimé un avis différent ; le ministère public a ensuite fait état, dans ses réquisitions, d'un « antisémitisme latent ». Pendant l'audience, la prévenue a qualifié sa remarque d'« phrase de haine » et a présenté des excuses aux parents.
Le président du tribunal a indiqué que la décision reposait sur la gravité des faits et leurs modalités, évoquant une « trahison majeure de la confiance » accordée par les parents.
Décision du tribunal
Le tribunal a condamné la prévenue à deux ans et demi de prison ferme. Il n'a pas retenu la circonstance aggravante d'antisémitisme en considérant que les propos incriminés avaient été tenus plusieurs semaines après les faits et avaient été retranscrits par un officier de police judiciaire sans la présence d'un avocat, ce qui, selon le tribunal, ne permettait pas d'établir le caractère antisémite nécessaire pour retenir cette circonstance.
Par ailleurs, la prévenue a été condamnée pour usage d'un faux document administratif, une carte d'identité belge factice, et s'est vue prononcer une interdiction du territoire français pendant cinq ans.








