Verdict et peine
Le 20 novembre 2025, la Haute Cour fédérale d'Abuja a déclaré Nnamdi Kanu coupable de plusieurs chefs d'accusation, dont des actes qualifiés de "terrorisme" et l'importation illégale d'un émetteur radio. Le juge James Omotosho a prononcé une peine d'emprisonnement à perpétuité pour quatre chefs d'accusation, ainsi que des peines complémentaires de 20 ans et 5 ans pour deux autres chefs, ces dernières devant être purgées simultanément. La lecture du jugement s'est déroulée en l'absence de Nnamdi Kanu, qui a été escorté hors de la salle d'audience après un échange avec le magistrat. Le juge a demandé que le prévenu soit placé sous haute surveillance, quel que soit le centre de détention où il sera incarcéré. Le prévenu dispose d'un délai de 90 jours pour interjeter appel.
Déroulement de l'audience
Lors de l'audience, le procureur général, Adegboyega Awomolo, avait requis la peine de mort pour plusieurs chefs d'accusation. Le juge James Omotosho a indiqué qu'il n'appliquerait pas la peine capitale et a cité un passage de l'Évangile selon saint Matthieu pour justifier sa décision. Nnamdi Kanu avait choisi d'assurer sa propre défense après avoir renvoyé ses avocats quelques semaines plus tôt. Au cours du procès, il a contesté notamment le refus de sa demande de mise en liberté sous caution, criant à plusieurs reprises « Où est la loi ? » avant d'être expulsé de la salle.
Chefs d'accusation et constatations
La cour a retenu contre Nnamdi Kanu sept chefs d'accusation, allant du terrorisme à la diffusion de messages qualifiés d'« intentionnellement trompeurs », ainsi qu'à l'importation illégale d'un émetteur radio. Le tribunal a jugé que le prévenu avait commis des actes préparatoires au terrorisme.
Contexte et antécédents judiciaires
Nnamdi Kanu est le fondateur du groupe Peuple indigène du Biafra (IPOB) et du média Radio Biafra, basé à Londres. Il s'est fait connaître des autorités en 2015 par des appels en faveur d'un État séparé pour la région du sud‑est du Nigeria. Après des manifestations de soutien en 2015, il a été arrêté lors d'un déplacement au Nigeria. En 2017, il s'est soustrait à sa libération sous caution et a quitté le pays après une intervention militaire à son domicile. Il a été extradé depuis le Kenya en 2021 ; ses avocats ont contesté les modalités de cette extradition.
Mesures et tensions dans le sud‑est
Les autorités nigérianes ont inscrit l'IPOB sur la liste des organisations interdites et qualifient le mouvement de groupe terroriste, l'accusant d'attiser des tensions ethniques et d'évoquer un génocide contre la communauté igbo. Les autorités allèguent également que l'IPOB a imposé des consignes de "sit-at-home" (confinement volontaire) paralysant les activités économiques et les transports dans la région ; l'organisation réfute les accusations de violence. Par ailleurs, des organisations non gouvernementales ont dénoncé des abus commis par les forces de sécurité dans la région, y compris des allégations de meurtres extrajudiciaires.
Réactions et suites possibles
À l'issue du jugement, le procureur général a déclaré que la décision constituait l'exécution de la loi. Un ancien conseil de Nnamdi Kanu a exprimé son désaccord avec la peine et a annoncé son intention de faire appel au nom du prévenu. Le détenu dispose du délai légal pour former un recours.
Situation régionale et rappels historiques
La contestation portant sur la création d'un État biafrais renvoie à la sécession du Biafra et au conflit de 1967–1970, qui a entraîné d'importantes pertes humaines et des pénuries alimentaires dans la région. Le débat sur les revendications séparatistes et la gestion des tensions ethniques demeure un élément récurrent des affaires politiques et sécuritaires du Nigeria.
Cas liés
Parmi d'autres développements liés au mouvement séparatiste, un dirigeant identifié comme Simon Ekpa a été condamné en Finlande en septembre 2025 pour participation aux activités d'un groupe terroriste et incitation publique à commettre un crime à des fins terroristes.








