Contexte et évolution
La consommation des ménages représente environ la moitié de la production nationale en France. Après les fermetures temporaires de commerces et de restaurants liées à la crise sanitaire, puis une période d'inflation marquée, les dépenses des ménages ont progressé plus lentement que le pouvoir d'achat pendant plusieurs trimestres.
Les statistiques montrent une baisse plus marquée des achats de biens que des services. Le secteur alimentaire a enregistré une baisse cumulée d'environ 8 % depuis 2022. L'activité économique a néanmoins connu une croissance trimestrielle positive au troisième trimestre (+0,5 %), tandis que la consommation des ménages a progressé faiblement sur certaines périodes.
Des débats parlementaires intensifs sur le projet de budget 2026 ont accru l'incertitude macroéconomique et politique à l'automne 2025, influençant la confiance des ménages et les anticipations de dépense.
Comportements de consommation
Les ménages ont réduit leurs achats de fruits, légumes et viandes fraîches, jugés plus coûteux, et ont accru la consommation d'œufs, de pâtes et de plats préparés. Les achats de textiles et de véhicules ont également reculé, le secteur automobile souffrant d'un attentisme lié aux évolutions technologiques.
Les biens durables et semi-durables ont été plus affectés que les services. La confiance des ménages, qui s'était améliorée jusqu'à l'été 2024, a ensuite diminué progressivement et a été affectée par les tensions politiques et budgétaires observées à l'automne 2025.
Taux d'épargne et facteurs explicatifs
Le taux d'épargne, défini comme la part du revenu non consommée, a augmenté de façon continue pour atteindre 18,5 % sur l'année (contre 18,2 % auparavant), niveau qualifié de record sur 45 ans hors crise sanitaire. Avant ces évolutions, le taux avait été stable aux alentours de 15 %.
Cette hausse s'explique en partie par la progression des revenus du patrimoine (assurance-vie, livrets, etc.) liée à la remontée des taux d'intérêt. Des prestations sociales indexées sur l'inflation ont également soutenu les revenus disponibles de certains ménages. En 2024, les retraités ont contribué de manière notable à l'augmentation de l'épargne en épargnant des pensions revalorisées.
Une part significative de la hausse du taux d'épargne est aussi attribuée à un effet d'incertitude spécifique en France depuis l'été 2024, qui a modifié les comportements d'achat indépendamment de l'évolution des salaires et du marché du travail. Les débats budgétaires et les propositions fiscales discutées à l'automne 2025 ont renforcé cette composante d'incertitude pour certains ménages.
Effets sur la croissance et les investissements
La consommation des ménages a ralenti, avec une progression estimée à +0,5 % pour l'année en cours après +1,0 % en 2024. Ces évolutions se situent en deçà de la progression du pouvoir d'achat pour certaines périodes comparées.
L'élévation du taux d'épargne a réduit les recettes fiscales indirectes, notamment la TVA. Au troisième trimestre, le produit intérieur brut a connu une croissance positive (+0,5 %), mais la consommation des ménages a progressé faiblement (+0,1 % aux deuxième et troisième trimestres). Les investissements des ménages ont reculé (-0,4 % sur la période), en particulier dans le logement neuf.
Les mesures budgétaires examinées par le Parlement fin 2025 incluent à la fois des dispositifs visant à soutenir le pouvoir d'achat (par exemple la défiscalisation des heures supplémentaires et le maintien de la défiscalisation des pourboires) et des mesures de recettes ciblant les hauts patrimoines. Ces discussions peuvent affecter à la fois le niveau de revenu disponible et la confiance des ménages.
Perspectives et changements structurels
Plusieurs projections prévoient un reflux du taux d'épargne autour de 17 % à l'horizon 2027 et une reprise de la consommation à un rythme annualisé proche de 1 %, inférieur à la tendance observée avant la crise sanitaire. Certains économistes estiment que le niveau élevé d'épargne ne conduira pas forcément à un effet de rattrapage de la consommation.
Outre des facteurs démographiques, des modifications durables des comportements de consommation sont observées : réduction de la consommation d'énergie pour des motifs d'efficacité ou de sobriété, hausse de la demande pour la restauration à emporter et prise en compte grandissante d'enjeux écologiques dans certains choix d'achat.
Les débats sur le projet de budget 2026 ont abouti à des décisions et à des votes partiels à l'Assemblée nationale qui peuvent influer sur la distribution du revenu disponible : rejet de la fiscalisation des indemnités journalières pour affection longue durée, adoption d'amendements transformant l'impôt sur la fortune immobilière en "impôt sur la fortune improductive" incluant certains biens de collection et une version retouchée de la taxe sur les holdings patrimoniales. Le gouvernement a annoncé son engagement, selon les configurations politiques, à transmettre au Sénat les amendements votés à l'Assemblée. Le retard accumulé dans l'examen parlementaire a également fait apparaître la possibilité d'un recours aux ordonnances ou à une loi spéciale si le Parlement ne parvenait pas à adopter les textes dans les délais constitutionnels, ce qui constitue un facteur d'incertitude pour les perspectives de consommation.
Conclusion
Les évolutions récentes mettent en évidence une dissociation entre gains de pouvoir d'achat pour certains ménages et modération des dépenses globales. Le taux d'épargne élevé et le climat d'incertitude, renforcé par les débats budgétaires de fin 2025, pèsent sur la dynamique de la consommation et influencent les perspectives de croissance à court et moyen terme.








