Situation générale
Le Parlement de Madagascar a voté la destitution du président de la République, qui avait auparavant signé un décret dissolvant l'Assemblée nationale. Peu après, une unité militaire ralliée à la contestation a annoncé « prendre le pouvoir », dissoudre le Sénat et la Haute cour constitutionnelle et suspendre la Constitution. Le président a déclaré être retiré dans un « lieu sûr » après ce qu'il a qualifié de « tentative de meurtre » et a appelé au respect du cadre constitutionnel.
Contexte et mobilisation
Des manifestations massives ont débuté fin septembre à l'appel d'un collectif de jeunes dénommé Gen Z, initialement pour protester contre des coupures d'eau et d'électricité. Le mouvement s'est rapidement élargi à des revendications sur la gouvernance et la gestion des services publics, recevant le soutien de syndicats et de fonctionnaires. Une unité militaire importante, identifiée comme Capsat, s'est ralliée aux manifestants et a appelé les forces de sécurité à « refuser de tirer ».
Déroulement des événements
Le chef de l'État a diffusé un décret de dissolution de l'Assemblée nationale, invoquant les dispositions constitutionnelles relatives à la dissolution.
Lors d'une session extraordinaire, une majorité des députés a voté la destitution du président : 130 voix sur 163 députés ont été enregistrées.
Peu après le vote parlementaire, le commandement d'une unité militaire basée à Antananarivo a déclaré prendre le pouvoir, dissoudre le Sénat et la Haute cour constitutionnelle, et constituer un comité d'officiers pour assurer les fonctions exécutives. Les responsables militaires ont évoqué la formation d'un gouvernement provisoire et la tenue éventuelle d'élections.
La Haute cour constitutionnelle a publié un communiqué constatant une vacance de la présidence et invitant l'autorité compétente à exercer les fonctions de chef de l'État, selon les textes en vigueur.
Positions officielles et divergences
La présidence a qualifié l'intervention militaire de « tentative de coup d'État » et affirme que le président demeure en fonction, tout en indiquant que sa localisation est protégée pour des raisons de sécurité.
Les autorités militaires présentent leur action comme une réponse à la crise et ont annoncé la suspension d'institutions qu'elles jugent responsables de la situation.
Des informations non confirmées ont circulé au sujet d'une évacuation du président vers l'étranger à bord d'un avion militaire ; ces éléments n'ont pas été officiellement corroborés et ont suscité des préoccupations internationales.
Réactions internationales et impacts pratiques
Plusieurs acteurs internationaux ont exprimé leur inquiétude et appelé au respect de l'ordre constitutionnel. Des compagnies aériennes ont modifié leurs programmes : certaines ont suspendu provisoirement leurs liaisons avec Antananarivo en raison de préoccupations sécuritaires, entraînant des perturbations des déplacements internationaux.
Conséquences et incertitudes
La situation soulève des incertitudes quant à la continuité institutionnelle, au calendrier des élections et au respect des procédures constitutionnelles. Les décisions simultanées d'acteurs civils, juridiques et militaires ont généré des positions contradictoires sur l'exercice du pouvoir. La fragilité économique et sociale du pays, avec une part importante de la population vivant sous le seuil de pauvreté, augmente le risque d'instabilité.
La situation demeure évolutive, avec des manifestations et des annonces publiques de mesures de transition émanant des autorités militaires et des organes constitutionnels. Les bilans humains et les impacts sur les infrastructures continuent d'être établis.