Contexte et déroulement du vol
Le 19 octobre, des individus sont entrés par l'extérieur dans la galerie d'Apollon du musée du Louvre et ont dérobé plusieurs joyaux de la Couronne exposés dans cette galerie. Des images de vidéosurveillance ont enregistré l'arrivée des auteurs, l'installation d'une nacelle, la montée jusqu'au balcon et le départ des personnes impliquées.
Selon Noël Corbin, chef de l'Inspection générale des affaires culturelles (IGAC), la fuite des voleurs aurait pu être empêchée « à 30 secondes près ». Lors de l'intervention administrative présentée au Sénat, il a été précisé que les images n'avaient pas été surveillées en temps réel et n'ont été consultées par un agent de sécurité qu'après le départ des auteurs. Des policiers appelés sur place ont par ailleurs été dirigés dans une autre direction, vers le Carrousel du Louvre.
Enquête administrative et constats
L'enquête administrative conduite après le vol a mis en évidence des défaillances dans la prise en compte des enjeux de sûreté du musée. Les rapporteurs ont relevé des dysfonctionnements successifs affectant l'organisation de la sécurité et la coordination avec les forces de l'ordre. Des auditions ont été conduites devant la commission de la culture du Sénat ; Noël Corbin et Pascal Mignerey, rapporteurs de l'enquête, ont exposé les constats issus de leurs travaux.
Le commissaire de police Guy Tubiana, expert en sécurité des musées, a qualifié la chaîne des anomalies comme ayant conduit à l'incident. L'Inspection générale a notamment souligné des lacunes dans la transmission des audits de sûreté au sein de l'établissement lors du changement de direction en 2021.
Audits et vulnérabilités identifiées
Un audit réalisé en 2019 par une maison de joaillerie avait identifié des vulnérabilités sur la galerie d'Apollon, en particulier au niveau du balcon et d'une fenêtre utilisés lors de l'intrusion. Selon l'enquête administrative, ces recommandations n'auraient pas été portées à la connaissance de la nouvelle direction, ce qui a empêché la mise en œuvre de mesures correctives avant le cambriolage.
Ces éléments ont été présentés comme un symptôme d'un manque de continuité dans la mémoire institutionnelle du musée et de sa tutelle.
Réactions institutionnelles et mesures annoncées
La ministre de la Culture, Rachida Dati, a communiqué des conclusions préliminaires et a indiqué qu'une sous-estimation des risques et un sous-équipement en matière de sûreté existaient depuis plusieurs années. Des mesures d'urgence ont été annoncées, incluant l'installation de dispositifs anti-intrusion sur le bâtiment et dans ses abords. Le conseil d'administration du Louvre a approuvé des mesures d'urgence, et d'autres actions visant à renforcer l'organisation et la sécurité du musée ont été annoncées pour une mise en œuvre ultérieure.
Les syndicats de personnels ont été reçus par la ministre et ont appelé à une assemblée générale pour se prononcer sur un mouvement de grève reconductible. Le musée a aussi dû fermer temporairement une galerie en raison d'avaries liées à l'incident.
Poursuites judiciaires et autres suites
L'enquête policière se poursuit; plusieurs personnes ont été mises en examen et placées à la disposition de la justice. Au plan administratif, des auditions complémentaires étaient programmées pour entendre d'anciens et actuels responsables de la direction du musée afin de préciser les responsabilités et les causes des manquements identifiés.
Parallèlement, la Cour des comptes a examiné le fonctionnement de la Société des amis du Louvre pour la période 2018-2024 et a formulé des recommandations visant à renforcer le cadre statutaire et organisationnel de cette association. Elle a notamment préconisé la révision des statuts d'ici 2026, l'adoption d'une nouvelle convention avec le musée et la réalisation d'un audit social indépendant avant la fin de 2025.
Enfin, une publication consacrée à l'enquête sur le cambriolage a été annoncée par un éditeur pour parution au printemps 2026.
Situation actuelle et points à suivre
Les pièces volées demeurent introuvables au moment des dernières communications publiques liées à l'enquête. Les autorités judiciaires et administratives poursuivent leurs investigations et la mise en œuvre des mesures de sécurité complémentaires décidées après le vol. Des auditions et des décisions institutionnelles supplémentaires sont attendues pour préciser les suites administratives et pénales de l'affaire.








