Présentation
Evans Kibet, ressortissant kényan, a été capturé alors qu'il servait dans des unités alignées sur les forces russes en Ukraine. Il est détenu dans un établissement pénitentiaire situé dans l'ouest de l'Ukraine.
Parcours et recrutement
Selon ses déclarations, Kibet s'est rendu en Russie pour un événement sportif organisé en marge d'un festival culturel. Il indique avoir envisagé de s'installer en Russie lorsque lui a été proposé un emploi présenté comme « gardien de bâtiment ». Il affirme avoir signé un contrat rédigé en russe, langue qu'il dit ne pas maîtriser. Après la signature, il a été envoyé dans un camp de formation avant d'être déployé sur le front ukrainien.
Déploiement, reddition et détention
Kibet a été capturé près de Vovtchansk, dans la région de Kharkiv. Il rapporte que, après plusieurs jours en mouvement sur le front et un épisode durant lequel il se dit épuisé et perdu, il a abandonné son arme et s'est rendu. Il se trouve depuis détenu dans une section pour combattants étrangers dans un centre de détention de l'ouest de l'Ukraine. Il décrit des souvenirs de combat et des difficultés psychologiques liées à son expérience au front.
Contexte régional et international
Les autorités ukrainiennes ont signalé l'identification de plusieurs centaines de ressortissants de pays africains parmi les rangs engagés aux côtés de la Russie depuis l'invasion russe de 2022, et ont évoqué des pratiques de recrutement qualifiées de frauduleuses. Des autorités de pays africains ont adressé des mises en garde à leurs citoyens face aux offres de travail ou de bourses en Russie. Des personnes originaires d'autres régions ont également été signalées dans des rangs étrangers, et des recrutements ou mobilisations de combattants depuis des pays tiers ont été mentionnés par différentes parties au conflit. Des femmes originaires de pays africains ont, par ailleurs, été signalées comme recrutées pour des emplois industriels liés à la production de matériel militarisé. Les échanges de prisonniers constituent l’un des mécanismes de coopération encore en place entre Moscou et Kiev et peuvent permettre le retour de détenus, mais la durée de détention varie selon les cas.
Situation personnelle et juridique
Au Kenya, la famille de Kibet a indiqué qu'il s'entraînait depuis plusieurs années en athlétisme et cherchait des opportunités à l'étranger. Des éléments de son dossier pénal au Kenya indiquent qu'il avait été condamné à 15 ans de prison pour tentative de meurtre; une décision de la justice kényane datant de 2019 a conclu à un procès jugé inéquitable. La famille a déclaré qu'il n'a effectué qu'une période de détention limitée avant son départ. Kibet a exprimé l'espoir de pouvoir revenir au Kenya par le biais d'échanges de prisonniers si la situation le permet.
Observations finales
Le cas de Kibet figure parmi des signalements plus larges de recrutements de combattants étrangers intervenus depuis le début des opérations militaires en Ukraine. Les pratiques de recrutement, la vérification des contrats et les procédures de prise en charge des détenus étrangers dans le cadre des échanges de prisonniers restent des sujets cités par les autorités et par les familles concernées.








