Résumé
La France a annoncé la suspension de sa coopération antiterroriste avec le Mali et la déclaration de deux diplomates maliens « persona non grata » sur son territoire. Ces mesures ont été prises en réaction à l'arrestation, en août, d'un agent diplomatique français à Bamako, accusé par les autorités maliennes d'appartenir aux services de renseignement français. Le ministère français des Affaires étrangères a contesté ces accusations et demandé la libération immédiate de son ressortissant.
Arrestation à Bamako
Le 15 août, les autorités maliennes ont annoncé l'arrestation d'un ressortissant français, identifié par Bamako comme travaillant pour le « service de renseignement français » et impliqué, selon elles, dans une tentative de déstabilisation des institutions maliennes. Le gouvernement malien a évoqué l'intervention d'« États étrangers » et d'éléments marginaux au sein des forces de sécurité dans cette affaire. La France a qualifié ces accusations d'« sans fondement » et réclamé la libération sans délai de son agent, qu'elle présente comme membre de son ambassade.
Mesures diplomatiques françaises
En réponse à cette arrestation, la France a suspendu la coopération bilatérale dans le domaine de la lutte antiterroriste avec le Mali. Par ailleurs, deux membres du personnel de l'ambassade et du consulat du Mali à Paris ont été déclarés persona non grata et sommés de quitter le territoire français. Selon des sources françaises, les autorités maliennes ont été informées de ces mesures via leur chargé d'affaires à Paris et ont été averties que d'autres mesures pourraient suivre si la situation n'évoluait pas.
Réactions de Bamako et mesures réciproques
Les autorités maliennes ont réagi en déclarant persona non grata plusieurs membres du personnel de l'ambassade de France à Bamako. Les autorités françaises ont indiqué que certains de ces personnels avaient déjà quitté le Mali. Les échanges officiels entre les deux capitales comportent des menaces de mesures supplémentaires en l'absence de résolution du dossier du ressortissant français arrêté.
Contexte sécuritaire et politique
Depuis 2012, le Mali fait face à une crise sécuritaire liée à la présence de groupes armés affiliés à Al-Qaïda et à l'organisation État islamique, ainsi qu'à des violences intercommunautaires et à des activités criminelles. Le pays est dirigé depuis des coups d'État en 2020 et 2021 par une autorité de transition à dominante militaire. Dans ce contexte, Bamako a réduit ses collaborations avec plusieurs partenaires occidentaux et a renforcé ses liens avec la Russie. Des groupes de mercenaires russes, désignés dans certains rapports sous le nom d'Africa Corps, opèrent aux côtés des forces maliennes et sont régulièrement accusés d'exactions contre des civils.
Coopération antérieure et conséquences immédiates
Avant l'arrestation, des échanges d'informations entre services de renseignement maliens et français existaient dans le cadre de la lutte antiterroriste. La suspension annoncée interrompt ce partage d'informations. Les conséquences opérationnelles et politiques de cette suspension dépendront de l'évolution du dossier du ressortissant français détenu et des réponses diplomatiques entre Paris et Bamako.
Observations finales
L'affaire s'inscrit dans une période de tensions bilatérales persistantes entre la France et le Mali. Les éléments factuels disponibles concernent l'arrestation d'un agent français déclaré par Bamako comme membre des services de renseignement, la contestation de ces accusations par Paris, la suspension de la coopération antiterroriste par la France et les expulsions réciproques de personnels diplomatiques. Les autorités des deux pays ont indiqué qu'elles pouvaient prendre de nouvelles mesures selon le déroulement des événements.