Contexte et adoption de la loi "anti-fessée"
La loi dite "anti-fessée", adoptée en juillet 2019, inscrit dans le Code civil français que "l'autorité parentale" doit s'exercer "sans violences physiques ou psychologiques". Ce texte non contraignant a fait de la France le 56ème pays à bannir légalement les violences éducatives ordinaires, qui incluent des actions telles que crier, donner des fessées ou menacer.
État des lieux six ans après
Malgré la mise en place de cette loi, les violences éducatives restent largement ancrées dans certains comportements parentaux en France. Selon le dernier baromètre Ifop publié en 2024 par la Fondation pour l'enfance, 81 % des parents ont reconnu avoir recouru à au moins une forme de violence éducative ordinaire, en légère augmentation par rapport aux 79 % rapportés en 2023. Parmi ces actes, 24 % des parents ont déclaré avoir donné une fessée, 21 % avoir bousculé leur enfant, et 16 % avoir donné une gifle.
Perceptions et opposition
L'évolution des perceptions montre que les comportements violents sont de plus en plus reconnus comme tels : 69 % des personnes considèrent que bousculer un enfant est une forme de violence (contre 62 % en 2022), et 68 % reconnaissent la gifle comme une violence (+6 points par rapport aux années précédentes). Cependant, seulement 53 % des parents perçoivent le fait de crier sur leurs enfants comme une violence, un chiffre en baisse de 7 points.
La majorité des parents voient cette loi de 2019 comme une ingérence de l'État dans les affaires familiales, ce qui traduit une certaine résistance à changer les mentalités et pratiques éducatives.
Débats récents et incidents judiciaires
Des incidents récents ont ravivé les débats autour de cette loi. En 2024, la relaxe d'un policier accusé de violences envers sa femme et ses enfants, sous le principe controversé du "droit à la correction", a provoqué l'indignation des associations de défense des droits de l'enfant, qui ont formé un pourvoi en cassation.
Les débats autour de l'éducation positive, perçue par certains comme trop laxiste, ont également brouillé la lecture de la loi. Des personnalités publiques, y compris le Premier ministre François Bayrou, ont été critiquées pour avoir semblé relativiser ces violences. En 2002, Bayrou avait giflé un jeune en public, un geste remis en question récemment.
Recommandations et perspectives
Les associations de défense des droits de l'enfant continuent de dénoncer ces pratiques et appellent à des actions renforcées pour modifier durablement les méthodes éducatives en France. Selon Gilles Lazimi, président de l'association Stop VEO, de nombreuses études soulignent que ces violences peuvent avoir des répercussions graves sur la santé mentale des enfants, augmentant les risques de dépression, d'anxiété et de troubles du comportement à l'âge adulte.
Il est impératif pour ces organisations que les structures publiques prennent des mesures concrètes pour diffuser un enseignement sur des méthodes éducatives sans violence, afin de rompre avec les pratiques anciennes en matière de parentalité.