Jupiter est un supercalculateur exascale situé à Jülich, à l’ouest de Cologne (Allemagne). Inauguré le 5 septembre 2025 par le chancelier allemand Friedrich Merz, il a été conçu pour soutenir la recherche scientifique européenne et fournir des capacités de calcul destinées notamment à l’entraînement de modèles d’intelligence artificielle et à la modélisation climatique.
Caractéristiques techniques
Jupiter est classé comme un système exascale, c’est‑à‑dire capable d’exécuter au moins un quintillion (10^18) d’opérations par seconde. L’installation couvre environ 3 600 mètres carrés et comprend des rangées de processeurs et près de 24 000 puces du fabricant Nvidia. Le système a été développé par le groupe Atos pour un budget de 500 millions d’euros, financé à parts égales par l’Union européenne et l’Allemagne.
D’après les informations publiées lors de l’inauguration, Jupiter figure parmi les systèmes exascale connus au niveau mondial et se place, selon les données disponibles, à la quatrième position en termes de performance théorique maximale. Trois machines exploitées aux États‑Unis (El Capitan, Frontier et Aurora) dépassent les performances connues de Jupiter. Des systèmes équivalents existent également en Chine, mais leurs performances précises sont généralement non publiées.
Contexte et objectifs
Les responsables européens présentent Jupiter comme un outil destiné à réduire l’écart de capacités de calcul entre l’Europe et d’autres régions, en particulier les États‑Unis et la Chine, dans le domaine de l’intelligence artificielle. Un rapport de l’Université de Stanford publié en 2024 indique que, pour cette année, les institutions américaines ont produit 40 modèles d’IA considérés comme "notables", contre 15 pour la Chine et trois pour l’Europe. Selon des responsables et chercheurs cités lors de l’inauguration, la performance des modèles d’IA dépend fortement des capacités de calcul disponibles.
Usages visés
Entraînement de modèles d’intelligence artificielle : Jupiter fournit une puissance de calcul adaptée à l’entraînement de grands modèles de langage et d’autres architectures de grande taille utilisées pour la génération de textes et d’applications d’IA.
Modélisation climatique : les équipes de recherche prévoient d’utiliser le système pour produire des prévisions climatiques à plus long terme et avec une résolution potentiellement plus fine. Des responsables ont indiqué que, comparé aux modèles opérationnels actuels, Jupiter pourrait permettre d’étendre certains scénarios de simulation climatique de l’ordre de dizaines d’années et, selon certains modèles, jusqu’à une centaine d’années.
Recherche sur la transition énergétique : le supercalculateur pourra servir à simuler des flux d’air et des interactions physiques autour d’infrastructures comme les éoliennes afin d’optimiser des conceptions.
Recherche en santé : le système pourra être mobilisé pour des simulations biologiques et cérébrales visant à mieux comprendre certains processus physiologiques et à soutenir le développement de médicaments.
Dépendances et enjeux
Le déploiement de Jupiter repose sur des composants développés par des fournisseurs extérieurs, en particulier des puces Nvidia. Cette dépendance technologique soulève des questions sur l’accès aux composants, la sécurité d’approvisionnement et la souveraineté numérique, mentionnées lors des interventions officielles. Des responsables allemands et européens ont présenté la disponibilité de capacités de calcul de grande ampleur comme un enjeu lié à la compétitivité et à des considérations de sécurité.
Exploitation et gouvernance
Le centre de Jülich assure l’hébergement et la gestion opérationnelle de la machine. Des responsables d’Atos et du centre de Jülich ont participé à la mise en service et à la présentation des capacités techniques. Les modalités précises d’accès pour la communauté scientifique et industrielle européenne, les calendriers d’exploitation et les conditions d’utilisation ont été annoncés par les autorités et les organisations impliquées lors de l’inauguration et feront l’objet de communications spécifiques par les opérateurs du site.
Sources et références citées dans le texte : communiqués d’inauguration, déclarations de responsables d’Atos et du centre de Jülich, rapport de l’Université de Stanford (2024).