Contexte
L'Uruguay a adopté une loi autorisant l'euthanasie sous conditions, devenant le premier pays d'Amérique latine à le faire par voie législative. Des décisions judiciaires antérieures dans la région avaient dépénalisé le suicide assisté en Colombie (1997) et en Équateur (2024), mais aucune loi n'avait été promulguée auparavant à cette fin.
Le pays est laïc et a précédemment modifié sa législation sur d'autres sujets sociaux, notamment le mariage entre personnes de même sexe, l'avortement et le cannabis. La proposition législative a été portée par le parti Frente Amplio.
Contenu et conditions de la loi
La loi, désignée sous le nom de "Mort digne" dans les débats parlementaires, prévoit l'accès à une aide à mourir sous conditions strictes. Les critères principaux prévus dans le texte sont : être majeur, être citoyen ou résident d'Uruguay, être jugé apte sur le plan cognitif, et se trouver en phase terminale d'une pathologie incurable ou dans une situation provoquant des souffrances jugées insupportables avec une détérioration significative de la qualité de vie.
Le texte établit des étapes préalables avant la formalisation écrite de la demande du patient, ainsi que des procédures destinées à encadrer la prise de décision et la participation des professionnels de santé. Le Collège Médical a été consulté durant le processus législatif afin de définir des garanties pour les patients et les médecins, selon son président Alvaro Niggemeyer.
Parcours législatif
La Chambre des députés a donné un premier accord au projet en août 2025. Le Sénat a ensuite débattu et approuvé la loi par une majorité de 20 voix sur 31 parlementaires présents lors de la séance qui a eu lieu à la mi-octobre 2025. Les débats au Sénat ont duré plus de dix heures selon les comptes rendus des séances.
Réactions
Un sondage présenté en mai 2025 par l'institut Cifra indiquait que plus de 60 % des Uruguayens étaient favorables à la légalisation et 24 % s'y opposaient. L'Église catholique a déclaré sa "tristesse" après le vote. Plusieurs associations ont rejeté la rédaction du projet, la qualifiant de "déficiente et dangereuse".
Des personnes et des militants impliqués dans le débat ont pris la parole publiquement. Parmi elles, Beatriz Gelós, atteinte de sclérose latérale amyotrophique et âgée de 71 ans, avait demandé la clôture du débat parlementaire en faveur d'un accès légal à l'aide à mourir. Florencia Salgueiro, militante pour l'euthanasie, a déclaré se sentir soulagée après l'adoption du texte. Lors des débats, des oppositions verbales ont également été exprimées dans l'hémicycle.
Observations et étapes suivantes
Le texte adopté fixe des modalités et des garanties que les autorités devront mettre en oeuvre pour appliquer la loi. Des voix issues du milieu médical, associatif et religieux ont appelé à un suivi de son application et à la mise en place de mécanismes de contrôle pour les procédures prévues par le texte.
La loi législative se distingue des décisions judiciaires antérieures dans la région en établissant un cadre légal explicite pour l'accès à l'euthanasie en Uruguay.