Introduction
Le chalutage de fond est une technique de pêche qui a suscité des débats significatifs en raison de son impact environnemental. Le sujet est à l'ordre du jour de la conférence des Nations Unies sur l'Océan, qui s'ouvre à Nice en juin 2025. Cette méthode de pêche, décriée par de nombreuses organisations non gouvernementales (ONG), consiste à ratisser les fonds marins avec un filet de grande taille pour capturer poissons et crustacés.
Qu'est-ce que le chalutage de fond ?
La pêche au chalut implique l'utilisation de filets tirés derrière un ou plusieurs navires pour attraper diverses espèces marines. Le chalutage de fond, parfois qualifié de "chalutage profond" au-delà de 400 mètres, consiste à traîner un filet, lesté par une barre métallique, sur les fonds océaniques. Cela permet de remonter des espèces comme les soles, turbots, langoustines ou encornets.
Part de marché et statistiques
Selon "Global Fishing Watch", le chalutage de fond représente environ un quart de la pêche sauvage mondiale. Dans l'Union européenne, cette technique contribue à un tiers de la production de poissons, estimée à 7,3 millions de tonnes par an. En France, le chalutage et les dragues représentent environ 50 % de la pêche en volume et en valeur, selon les données fournies par Olivier Guyader, économiste à l'Ifremer.
Critiques et impacts environnementaux
Malgré son efficacité à capturer de grandes quantités de poissons, le chalutage de fond est critiqué pour plusieurs raisons :
- Destruction des habitats marins : Chaque passage d'un chalut peut modifier profondément et durablement les habitats fragiles des fonds marins.
- Épuisement des stocks de poissons : Le chalutage contribue à une surexploitation des ressources halieutiques.
- Captures accidentelles : Les filets attrapent souvent des espèces non-ciblées, y compris des juvéniles, pouvant perturber les cycles de reproduction.
- Déperditions : Environ la moitié des prises est rejetée à la mer car non commercialisable.
Interdictions et régulations
Diverses régions du monde ont adopté des mesures pour limiter ou interdire le chalutage de fond. En Nouvelle-Zélande et dans certaines zones de l'Équateur, des interdictions complètes ont été mises en place. D'autres pays, comme le Venezuela et des régions spécifiées de Colombie, appliquent des restrictions similaires.
En Europe, le chalutage est interdit en-dessous de 800 mètres depuis 2016. La Grèce prévoit d'étendre cette interdiction à tous ses parcs nationaux marins d'ici 2026 et à toutes les aires marines protégées d'ici 2030. Au Royaume-Uni, des discussions sont en cours pour bannir cette pratique dans des zones protégées, sous l'impulsion de débats parlementaires.
Stratégies de l'Union européenne
La Commission européenne a récemment présenté une stratégie visant à mieux protéger les océans, en recommandant de mettre fin au chalutage de fond dans les aires protégées d'ici 2030. Cependant, le bloc des 27 continue de débattre de cette question, tandis que les ONG réclament des interdictions immédiates.
Conclusion
Le chalutage de fond reste une technique de pêche très utilisée mais controversée en raison de ses effets néfastes sur les écosystèmes sous-marins. Tandis que certains gouvernements adoptent des mesures restrictives, d'autres optent pour une approche plus graduelle, soulignant l'importance de protéger la biodiversité tout en considérant les impératifs économiques de la pêche commerciale.