Contexte
Le 18 novembre 2025, le président de la République a demandé d'« amplifier » la lutte contre le narcotrafic en adoptant une approche comparable à celle utilisée contre le terrorisme. Cette demande fait suite à l'assassinat, la semaine précédente, du frère du militant écologiste Amine Kessaci à Marseille, événement qualifié par les autorités comme un crime d'intimidation et d'éventuel « assassinat d'avertissement ». La famille Kessaci avait déjà subi un autre décès en 2020.
Réunion à l'Élysée et prises de parole
Le 18 novembre, le président a présidé une réunion d'urgence à l'Élysée en présence de responsables judiciaires et policiers et de membres du gouvernement. Parmi les participants figuraient le procureur de la République de Marseille, Nicolas Bessone, le directeur général de la police nationale, Louis Laugier, et le directeur national de la police judiciaire, Christian Sainte. Les ministres Amélie de Montchalin (Comptes publics) et Jean-Noël Barrot (Affaires étrangères) étaient présents; le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a participé par visioconférence depuis l'étranger.
Lors d'une conférence de presse, le chef de l'État a estimé que les mesures déployées contre le terrorisme devaient servir de modèle pour la lutte contre les trafics de stupéfiants et a déclaré : « Acheter de la cocaïne, c'est être complice. » Le procureur Nicolas Bessone n'a pas exclu que l'assassinat cité soit un « assassinat d'avertissement ». Le ministre de l'Intérieur, Laurent Nuñez, a indiqué qu'il se rendrait à Marseille avec le ministre de la Justice et a déclaré que les trafiquants étaient « de plus en plus à cran » en raison des actions menées par les autorités.
Mesures institutionnelles et législatives
Le gouvernement a indiqué vouloir intensifier la mise en œuvre d'une loi promulguée en juin visant à lutter contre le narcotrafic. Cette loi prévoit notamment la création d'un parquet national anticriminalité organisée (Pnaco), destiné à traiter les dossiers les plus graves et complexes en matière de crime organisé, sur le modèle du parquet national antiterroriste et du parquet national financier. Le Pnaco doit être officiellement créé le 1er janvier, selon les communications officielles. Une magistrate, Vanessa Perrée, a été proposée pour en prendre la tête.
La loi comprend également des mesures répressives, des outils opérationnels pour les enquêteurs et la création de quartiers de haute sécurité en milieu carcéral pour isoler les narcotrafiquants considérés comme les plus dangereux. Le gouvernement préconise un décloisonnement entre niveau national et local, entre police administrative et police judiciaire, et davantage de coopérations internationales. Le ministre des Affaires étrangères a annoncé la présentation prochaine d'une proposition de « régime transversal » de sanctions visant les acteurs de la criminalité organisée.
Actions et calendrier annoncés
Le ministre de l'Intérieur a précisé qu'il se rendrait à Marseille, accompagné du ministre de la Justice, dès le jeudi suivant la réunion. Le président a annoncé la tenue d'une nouvelle réunion des acteurs concernés à l'Élysée « mi-décembre » et un déplacement sur place à Marseille prévu à la même période.
Réactions et implications politiques
Des responsables politiques ont appelé à des mesures concrètes. Un candidat d'un parti a réclamé le déclenchement d'un « état d'urgence » à Marseille, mesure donnant des pouvoirs accrus aux préfets. L'Association des maires de France a prévu d'aborder la question lors de son congrès; son président a évoqué la présence du phénomène dans différentes tailles de collectivités. Des élus ont aussi plaidé pour une approche axée sur la santé publique pour la prise en charge des addictions, tout en demandant le renforcement des moyens de la police judiciaire et de la justice pour démanteler les réseaux.
L'avocat de la famille Kessaci a souligné des besoins de moyens judiciaires, en rappelant un déficit de magistrats dans la juridiction de Marseille.
Autres faits liés au narcotrafic
Les autorités ont signalé d'autres incidents récents attribués au contexte du narcotrafic, dont une agression par balles visant un adolescent près d'un point de vente présumé à Grenoble. Les enquêtes sur ces faits sont en cours.
Objet et portée
Les annonces et les mesures visent à accroître les capacités judiciaires et policières à traiter les formes les plus organisées de criminalité liée aux stupéfiants, à renforcer la coordination nationale et internationale, et à mettre en place des outils institutionnels dédiés. Le sujet est également présent dans le débat public et dans les campagnes électorales locales à venir.








