Contexte
Plusieurs entrepreneurs et investisseurs fortunés ont accru leurs interventions dans les espaces politique et médiatique en France. Ces interventions prennent des formes variées : acquisitions de titres de presse ou de radios, financement d’associations et de think tanks, diffusion de campagnes d’opinion et contacts avec des responsables politiques.
Initiatives et dispositifs cités
Parmi les initiatives publiques, le projet dit « Périclès » a été rendu public en 2024. Le projet se présente comme visant à promouvoir des valeurs identifiées comme libérales et conservatrices et associe la création ou le soutien financier de structures associatives, éditoriales et de réflexion. Selon des déclarations publiques du directeur du projet, des investissements ont été réalisés en 2024 et des financements supplémentaires ont été annoncés pour 2025.
Parmi les structures mentionnées en lien avec ces financements figurent notamment un observatoire consacré aux questions d’immigration et de démographie ainsi que des médias à orientation conservatrice.
Cas Pierre-Édouard Stérin
Pierre-Édouard Stérin a été cité comme partenaire d’un ensemble d’investisseurs impliqué dans l’acquisition d’un hebdomadaire conservateur. Il est également associé au projet Périclès. Le directeur du projet a été entendu par une commission parlementaire tandis que Pierre-Édouard Stérin a décliné une convocation de députés, selon les informations publiées.
Les montants évoqués pour le dispositif lié à Périclès incluent des investissements de l’ordre de plusieurs millions d’euros en 2024, avec des budgets supplémentaires annoncés pour 2025 destinés à financer des associations, des entreprises et des think tanks.
Médias et Vincent Bolloré
Des médias liés à Vincent Bolloré ont largement relayé une pétition appelant à l’organisation d’un référendum sur l’immigration. Cette diffusion a suscité des réactions publiques et des critiques de la part de responsables du service public audiovisuel. La présidente de France Télévisions a, dans des déclarations publiques, qualifié pour la première fois certains de ces médias d’« extrême droite » et a dénoncé des pressions sur l’audiovisuel public. Ces accusations ont été contestées par les médias concernés.
Matthieu Pigasse et les prises de position à gauche
Matthieu Pigasse, à la tête d’un groupe de médias et d’événements culturels, a exprimé publiquement son soutien à des mesures de justice fiscale et a déclaré vouloir jouer un rôle dans la « bataille culturelle » pour contrebalancer d’autres groupes médiatiques. Ses actifs comprennent des radios, des magazines et des festivals. Il multiplie les interventions publiques et les échanges avec des responsables politiques.
Relations avec les partis politiques
Des liens personnels et professionnels existent entre certains de ces acteurs et des responsables politiques. Dans un cas, un dirigeant proche du secteur privé a contribué à un document économique d’un parti d’extrême droite. Dans un autre, un cadre d’un parti de gauche a indiqué entretenir des relations qualifiées d’« amicales » avec un homme d’affaires médiatique et a évoqué la possibilité d’un rôle politique, sans confirmation de concrétisation.
Des acteurs politiques et des responsables de partis divers portent des appréciations contrastées sur l’influence réelle de ces mécènes : certains estiment qu’elle est surestimée, d’autres indiquent qu’elle modifie les rapports de force médiatiques.
Autres mouvements dans le paysage des propriétaires de médias
Plusieurs dirigeants d’entreprises figurant parmi les plus fortunés ont procédé à des acquisitions ou sont associés à des opérations dans le secteur des médias. Ces opérations concernent des titres de presse, des chaînes et des plateformes numériques. Parallèlement, des responsables économiques ont exprimé des positions publiques sur des projets de fiscalité des patrimoines.
Analyses et observations
Des spécialistes de la sociologie politique et du patronat observent une évolution du paysage de l’influence médiatique et politique, tout en nuançant l’idée d’une conversion généralisée de grands patrons au militantisme politique direct. Certains observateurs relèvent un resserrement de prises de position collectives du patronat, illustré par l’organisation de réunions ou de meetings patronaux annoncés publiquement.
Effets et enjeux
Les interventions économiques et éditoriales de personnes fortunées modifient les configurations de financement de médias, d’organisations de réflexion et d’initiatives publiques. Ces évolutions posent des questions concernant la transparence des financements, les relations entre médias et pouvoirs publics, ainsi que les modalités d’influence sur les débats publics.
La dynamique observée suscite des réactions divergentes parmi les responsables politiques et les acteurs du secteur médiatique, sans qu’il soit possible, à ce stade, d’en déduire une évolution uniforme des comportements des principaux acteurs économiques.