Résumé
Le mouvement intitulé « Bloquons tout », né sur des réseaux sociaux et relayé par des collectifs et des syndicats, a donné lieu à une journée d’actions dispersées sur l’ensemble du territoire français. L’appel visait des blocages routiers, des occupations symboliques, des piquets devant des établissements scolaires et des actions dans des entreprises ou infrastructures. Les autorités ont déployé des moyens de sécurité importants et des interventions policières ont eu lieu sur plusieurs sites.
Contexte
L’appel à la mobilisation est intervenu dans un contexte politique marqué par la démission du Premier ministre François Bayrou et la nomination de Sébastien Lecornu à la tête du gouvernement. Des syndicats (dont la CGT et des fédérations locales) et des collectifs citoyens ont rejoint ou soutenu l’appel, aux côtés de groupes autonomes et d’anciens participants aux mouvements antérieurs (Gilets jaunes, Nuit Debout). Les revendications mentionnées par les participants recouvrent des thèmes variés : pouvoir d’achat, services publics, justice fiscale, conditions d’études et demandent d’une nouvelle forme de délibération citoyenne.
Déroulement chronologique (principaux temps de la journée)
Aube et matinée
- Des premiers rassemblements et barrages filtrants ont été signalés dès l’aube sur des ronds‑points et aux entrées d’agglomérations. Dans plusieurs villes, des lycées ont été bloqués par des élèves.
- À Paris et en petite couronne, des tentatives de blocage du boulevard périphérique ont été observées et des interventions policières ont eu lieu tôt le matin. Des dépôts de bus ont été temporairement pris pour cible dans certains arrondissements.
- En région, des actions de filtrage ou de blocage ont affecté des rocades et des accès autoroutiers (exemples signalés : Rennes, Nantes, Toulouse, Caen, Rouen, Le Havre). Des salariés et des syndicats ont installé des piquets devant des sites industriels ou administratifs.
- Des rassemblements d’étudiants et d’enseignants ont bloqué l’accès à certains campus et lycées dans plusieurs villes (Mulhouse, Nantes, Toulouse, Montpellier, etc.).
Milieu et fin de journée
- Des manifestations déclarées ou improvisées ont traversé des centres‑villes l’après‑midi, avec des cortèges convergents dans plusieurs agglomérations (exemples : Montpellier, Metz, Bordeaux, Nantes, Marseille, Toulouse). Des assemblées citoyennes et prises de parole ont eu lieu sur des places publiques.
- Des incidents ont été rapportés : usages de gaz lacrymogènes par les forces de l’ordre lors de dispersions, feux de palettes ou de poubelles sur certains barrages, dégradation de mobilier urbain, et des affrontements locaux opposant des groupes hostiles aux forces de l’ordre. Un bus a été incendié sur une rocade à Rennes. Un incendie d’une façade commerciale a été signalé à proximité de Châtelet à Paris et fait l’objet d’une enquête.
Soirée et bilan provisoire
- Les bilans fournis au cours de la journée ont varié selon les sources : la préfecture de police et le ministère de l’Intérieur ont indiqué des interpellations et des interventions ciblées pour lever des blocages. Des organisations syndicales ont chiffré la participation à leur manière, avec des écarts entre évaluations des autorités et celles des organisateurs. Des prévisions d’actions complémentaires ont été annoncées pour les jours suivants (notamment une journée intersyndicale prévue le 18 septembre).
Impacts et perturbations observés
- Transports routiers : barrages filtrants, ralentissements et fermetures temporaires sur des rocades et entrée d’agglomérations (cas signalés notamment à Rennes, Nantes, Caen, Rouen, Le Havre, Toulouse). Certains péages ont été visés par des tentatives de blocage.
- Transports ferroviaires : circulation réduite sur certaines lignes régionales (TER) ; incidents techniques (incendies de câbles) ont interrompu des liaisons ponctuelles et entraîné des suppressions ou retards. La SNCF a adapté son plan de transport sur divers axes.
- Réseaux urbains : trams et bus perturbés ou déviés dans plusieurs villes (Montpellier, Nantes, Saint‑Étienne, Bordeaux, etc.).
- Aéroports : accès et opérations perturbés localement ; compagnies et autorités ont signalé des retards et des annulations ciblées. La DGAC a annoncé un suivi des accès et du programme de vols.
- Services publics et entreprises : piquets de grève, ralentissements d’activité dans des sites ciblés (plateformes logistiques, sites industriels, centres administratifs). Des arrêts de travail ont été déclarés dans certains établissements.
Répartition géographique (exemples représentatifs)
- Île‑de‑France : tentatives de blocage du périphérique, actions aux abords de gares importantes (gare du Nord, Châtelet‑les‑Halles), plusieurs lycées bloqués. Interventions policières et évacuations ont été menées.
- Bretagne (Rennes, Nantes, Brest) : actions sur la rocade de Rennes (incendie d’un bus signalé), points de blocage à Nantes avec perturbations du réseau de tram et du périphérique.
- Normandie : blocages et ralentissements à Caen (viaduc de Calix), Rouen (rond‑point des Vaches), et au Havre (ronds‑points, accès à sites industriels).
- Occitanie : actions sur des péages et sur le périphérique toulousain ; incidents affectant des lignes ferroviaires entre Toulouse et Auch.
- Grand Est et Alsace : rassemblements et barrages, blocages locaux et manifestations en ville.
- Sud‑Est et Provence : rassemblements et piquets à Marseille, actions locales autour d’infrastructures et établissements.
- Autres régions : manifestations et blocages ciblés recensés dans de nombreuses préfectures et sous‑préfectures (exemples : Bordeaux, Lyon, Clermont‑Ferrand, Metz, Montpellier, La Rochelle, Bayonne, Perpignan, etc.).
Acteurs et modalités
- Initiateurs : appel initial diffusé sur des plateformes et boucles de messagerie, rejoint localement par des collectifs citoyens et parfois soutenu par des syndicats.
- Profils des participants : diversité de profils signalée (salariés, retraités, lycéens, étudiants, syndicalistes, anciens Gilets jaunes, organisations locales). Des groupes masqués et des individus hostiles à l’ordre public ont été identifiés dans certaines actions.
- Modes d’action : barrages filtrants, occupations symboliques, piquets, manifestations, « opérations escargot », distributions de tracts, assemblées de rue et réunions publiques.
Données chiffrées et remarques sur les bilans
Les chiffres relatifs au nombre de manifestants et aux interpellations ont varié selon les sources et les moments de la journée. Les autorités ont communiqué des bilans provisoires au fil de la journée ; des organisations syndicales et collectifs ont fourni d’autres estimations. Les bilans définitifs sont susceptibles d’évoluer après vérification des services de l’État et des parquets.
Suites annoncées
Des organisations syndicales ont appelé à une nouvelle journée nationale de mobilisation et de grève (rendez‑vous intersyndical annoncé pour le 18 septembre). Plusieurs collectifs ont évoqué la tenue d’assemblées citoyennes pour décider d’actions ultérieures.
Observations finales
La journée du 10 septembre a été marquée par une forte dispersion géographique des actions, un ensemble de revendications hétéroclites et une réaction opérationnelle importante des forces de sécurité. Les conséquences immédiates ont été des perturbations dans les transports et des interventions policières localisées ; l’ampleur politique et sociale de l’événement sera précisée dans les bilans ultérieurs et par le suivi des suites revendiquées par les différents acteurs.
Sources : dépêches et comptes rendus locaux et nationaux disponibles le jour de la mobilisation.