Contexte et objectif
Sous l’égide de l’ONU, des délégations de 184 pays ont repris, lundi, les négociations visant à finaliser un premier traité mondial contre la pollution plastique, y compris en milieu marin. Après une première semaine sans avancée décisive, l’objectif demeure de présenter un texte d’ici jeudi.
Réunions formelles et informelles
Au‑delà des groupes de travail thématiques et régionaux, des échanges « informelles‑informelles » se sont tenus dimanche en marge du cadre formel, notamment autour de Genève. Ces discussions ont servi à clarifier les positions et à tester des pistes de compromis. Un négociateur africain, s’exprimant sous couvert d’anonymat, a assuré qu’un texte serait présenté dans les délais, quitte à en limiter la portée. Une autre source diplomatique a évoqué des progrès rapides et une volonté d’explorer des compromis entre États aux positions opposées.
Principales lignes de fracture
Depuis le lancement du processus il y a plus de deux ans, un groupe de pays producteurs d’hydrocarbures — dont l’Arabie saoudite, le Koweït, la Russie, l’Iran et la Malaisie — s’oppose à l’introduction de contraintes en amont (sur la production et les polymères). Les États‑Unis et l’Inde se rapprochent de cette position, privilégiant un dispositif centré sur la gestion des déchets.
À l’inverse, un bloc qualifié d’« ambitieux » plaide pour réguler et réduire la production de plastique, estimant que la baisse des volumes mis sur le marché est indispensable pour juguler la pollution, alors qu’une trajectoire de triplement est évoquée d’ici 2060. Ce groupe inclut les 27 États membres de l’Union européenne, plusieurs pays d’Amérique latine et d’Afrique, ainsi que l’Australie, le Royaume‑Uni, la Suisse, le Canada et de nombreux États insulaires.
Points de vue des États insulaires et d’autres délégations
Au nom de 39 micro‑États insulaires, le représentant des Palaos a défendu l’intégration, dans le futur traité, de dispositions visant au retrait des déchets déjà présents en mer. L’ambassadeur de la Barbade, Matthew Wilson, a souligné la difficulté des pourparlers et la nécessité d’établir des priorités claires.
Débat procédural : consensus ou vote
Plusieurs ONG, dont le WWF, appellent à accélérer le processus. Pour Eirik Lindebjerg (WWF), le recours à un vote serait l’option la plus réaliste si le consensus demeure hors de portée. Le cadre habituel des négociations privilégie toutefois le consensus. Selon Claire Arkin, porte‑parole de l’ONG Gaia, un vote contraindrait la minorité bloquante à des compromis.
Prochaines étapes
Environ 70 ministres et une trentaine de hauts responsables administratifs, représentant près d’une centaine de pays, sont attendus à Genève à partir de mardi afin de faciliter un accord politique. Jessika Roswall a appelé les délégations à adopter une approche constructive et orientée vers les résultats, tout en notant le grand nombre de passages encore non consensuels dans le projet de texte.