Le président du Cameroun Paul Biya a prêté serment le 6 novembre à Yaoundé pour un nouveau mandat. Il avait 92 ans au moment de la cérémonie. Le Conseil constitutionnel avait proclamé Paul Biya vainqueur de l’élection présidentielle du 12 octobre avec 53,66 % des voix selon les résultats officiels publiés.
Cérémonie de prestation de serment
La prestation de serment s'est tenue à l'Assemblée nationale, dans le bâtiment désigné dans plusieurs comptes rendus comme le « Palais de verre Paul Biya ». La cérémonie a réuni des membres du Parlement (députés et sénateurs), des magistrats du Conseil constitutionnel et des représentants de la Cour suprême. Environ 1 500 invitations ont été envoyées aux autorités et au corps diplomatique. Des représentants de missions diplomatiques occidentales figurent parmi les invités selon plusieurs sources.
Lors de la séance solennelle, le président de l'Assemblée nationale, Cavaye Yeguie Djibril, a posé la question prévue par la Constitution et Paul Biya a répondu « Je le jure ». Après la prestation de serment, des honneurs militaires ont été rendus au chef de l'État par la garde présidentielle et la remise des attributs de Grand maître des Ordres nationaux a été effectuée par le Grand chancelier des Ordres nationaux.
Dans son allocution d'investiture, Paul Biya a rappelé son engagement politique depuis son accession à la présidence en 1982 et a exposé des priorités pour le nouveau septennat, notamment des mesures en faveur des jeunes et des femmes, un renforcement de la lutte contre la corruption et une action contre le terrorisme. Le président a exprimé des condoléances aux victimes des violences postélectorales et a appelé à l'ordre en félicitant les forces de défense et de sécurité pour leur professionnalisme, selon ses propos rapportés.
Résultats électoraux et revendications d'opposants
Le Conseil constitutionnel a proclamé Paul Biya vainqueur de l’élection présidentielle du 12 octobre avec 53,66 % des voix selon les résultats officiels publiés. L'ancien ministre et candidat de l'opposition Issa Tchiroma Bakary a revendiqué la victoire et a déclaré qu’« il y a deux présidents désormais ». Il a appelé à des opérations qualifiées de « villes mortes », mises en œuvre sur plusieurs journées selon des comptes rendus.
Manifestations et réponses des autorités
Des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes après l’annonce des résultats, notamment à Garoua et Douala. Des acteurs de la société civile et des médias ont signalé un bilan de morts supérieur à celui communiqué officiellement; certaines sources ont fait état d'au moins 39 morts, sans qu'un bilan officiel détaillé soit publié. Le gouvernement a reconnu des « pertes en vies humaines » lors de ces manifestations sans fournir de bilan détaillé. Des sources rapportent également plusieurs centaines d'arrestations; ces chiffres n'ont pas été confirmés de manière indépendante.
Des forces de sécurité ont procédé à des opérations de maintien de l'ordre qui ont suscité des critiques sur l'usage de la force. Le gouvernement a annoncé son intention d'engager des poursuites judiciaires contre certains opposants, reprochant notamment des « appels répétés à l’insurrection ». La localisation actuelle d'Issa Tchiroma Bakary était, selon les autorités et des porte-parole, non précisée.
Enjeux nationaux et réactions internationales
Des organisations et observateurs ont relevé des incohérences et des anomalies dans les résultats officiels. L'International Crisis Group a mis en garde contre un risque d'aggravation des troubles en soulignant le contexte d'une rébellion séparatiste dans les régions anglophones. L'Union européenne et l'Union africaine ont exprimé leur préoccupation à propos de la réponse des autorités aux manifestations. Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme a appelé à l'ouverture d'une enquête sur les violences liées aux manifestations.
Situation politique immédiate
La prestation de serment marque la continuation de Paul Biya à la tête de l'État pour un nouveau septennat. Les tensions électorales et les contestations subsistent, avec des appels à des mobilisations et des annonces de poursuites judiciaires de la part des autorités. La situation demeure marquée par des incertitudes quant à l'évolution du climat politique et sécuritaire dans le pays, en particulier en raison des divergences sur les bilans des violences et des arrestations.








