Calcul de l'ONU et portée des engagements
Le 28 octobre 2025, l'ONU a publié une synthèse provisoire des plans nationaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre (soumissions à la fin septembre 2025). Selon ce calcul, les engagements déposés et certaines lettres d'intention indiqueraient une baisse des émissions mondiales d'environ 10 % d'ici 2035. Cette estimation repose sur les contributions formelles reçues et sur des éléments complémentaires pour certains grands émetteurs n'ayant pas soumis de plan formel.
Objectif scientifique du GIEC
Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) estime qu'une réduction des émissions de l'ordre de 60 % par rapport à 2019 serait nécessaire à l'horizon 2035 pour offrir une bonne chance de limiter le réchauffement à 1,5 °C par rapport à la période préindustrielle, objectif le plus ambitieux de l'accord de Paris de 2015.
Limites des données et incertitudes
La synthèse de l'ONU n'intègre que les données formelles de 64 pays, représentant moins d'un tiers des émissions mondiales, car plus d'une centaine de pays n'avaient pas soumis de plans complets à la date de clôture. Parmi eux figuraient l'Union européenne (ayant transmis une fourchette indicative) et la Chine (absence de formalisation dans les délais). L'ONU a complété ses calculs à titre indicatif en incluant des lettres d'intention pour certains grands émetteurs et des engagements annoncés antérieurement par d'autres pays, mais ces éléments n'ont pas le même statut que des contributions formelles, ce qui augmente l'incertitude des estimations.
En conséquence, l'ONU a indiqué qu'elle était incapable d'actualiser de manière robuste la trajectoire de réchauffement globale ; l'estimation antérieure faisait état d'une élévation entre 2,1 °C et 2,8 °C d'ici la fin du siècle en l'absence d'efforts supplémentaires.
Réactions d'organisations internationales et d'États
Le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a déclaré que le monde ne parviendrait probablement pas à contenir le réchauffement sous 1,5 °C dans les prochaines années. Simon Stiell, secrétaire exécutif de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), a estimé que les données disponibles donnaient une « image assez limitée » et a indiqué que, dans un scénario plus large intégrant des intentions déclarées, les émissions mondiales pourraient baisser d'environ 10 % d'ici 2035.
Le groupe des petits États insulaires (AOSIS) a qualifié d'« alarmante » l'absence de nouvelles cibles chez certains grands pays. Ces positions alimentent les débats attendus à la conférence des Nations unies sur le climat (COP30), prévue à Belém, au Brésil, et d'un sommet de dirigeants en amont.
État actuel du climat et trajectoire vers 1,5 °C
Les observations indiquent que la température moyenne mondiale est déjà supérieure d'environ 1,4 °C par rapport à la période préindustrielle. Plusieurs scientifiques estiment que le seuil de 1,5 °C sera vraisemblablement atteint avant la fin de la décennie si les émissions ne diminuent pas plus rapidement.
Le GIEC et des responsables onusiens rappellent que, même en cas de dépassement temporaire du seuil de 1,5 °C, il serait nécessaire de ramener les températures à ce niveau le plus rapidement possible après tout dépassement, par une réduction accélérée des émissions et, éventuellement, par des mesures d'absorption du dioxyde de carbone.
Options de réduction et de retrait du CO2
Les voies pour réduire la concentration atmosphérique de CO2 incluent la conservation et l'expansion des puits naturels (forêts, sols) et le développement de technologies de captage et de stockage du carbone. Ces technologies restent limitées en déploiement et en maturité technique et économique. Le recours à des quantités importantes de séquestration, naturelle ou technologique, soulève des questions de faisabilité et de coût.
Risques scientifiques associés au dépassement
Des études ont mis en garde contre des conséquences potentiellement irréversibles liées à un dépassement même temporaire des seuils de température. Ces mises en garde soulignent les risques pour des systèmes socio-écologiques et pour la fréquence et l'intensité d'impacts climatiques.
Conclusion
La synthèse publiée par l'ONU montre que, sur la base des contributions formelles et de certaines intentions déclarées, les engagements actuels ne placent pas le monde sur la trajectoire compatible avec l'objectif de 1,5 °C. Les limites des données disponibles et l'incertitude liée aux intentions non formalisées rendent fragile toute estimation globale. Les discussions prévues lors des réunions internationales viseront à clarifier les ambitions et les mesures nécessaires pour accélérer la réduction des émissions et développer les moyens d'atténuation et d'adaptation.








