Contexte
L'audience se déroule dans la cour d'assises du Tarn à Albi. Le procès oppose Cédric Jubillar, accusé dans la disparition de sa compagne Delphine Jubillar, à la partie civile et au ministère public. Delphine Jubillar, infirmière mère de deux enfants, a disparu dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020 à Cagnac-les-Mines.
Ouverture de la journée
Le deuxième jour d'audience, mardi 23 septembre, a débuté par l'audition d'un enquêteur de personnalité. La séance a rassemblé des membres de la famille, des proches et des représentants des forces de l'ordre. Les débats ont porté successivement sur la personnalité de la victime, l'examen de la personnalité de l'accusé, les premiers constats des gendarmes intervenus sur les lieux et la situation des enfants.
Portrait de Delphine Jubillar
Un enquêteur de personnalité a retracé des éléments biographiques et des témoignages concernant Delphine Jubillar. Selon ces éléments, son enfance a été marquée par des difficultés matérielles et par l'absence du père. Des proches ont décrit Delphine comme réservée et pudique. Ses collègues ont présenté son activité professionnelle en tant qu'infirmière comme régulière et impliquée.
Plusieurs témoins ont évoqué une évolution des rapports au sein du couple dans les mois précédant la disparition. D'après des amies, Delphine aurait pris en assurance, en partie liée à son rôle économique au sein du foyer et à son investissement parental. Des témoignages mentionnent également une relation entamée avec un autre homme et le projet de séparation annoncé par Delphine.
Examen de la personnalité de Cédric Jubillar
L'audience a inclus un examen de la personnalité de l'accusé. Cédric Jubillar, peintre-plaquiste âgé de 38 ans et détenu depuis juin 2021, a nié les faits qui lui sont reprochés. Son récit a été complété par des éléments biographiques signalant des placements en familles d'accueil et en foyer pendant l'enfance, et des ruptures familiales.
Des proches et des intervenants ont fourni des descriptions contrastées de son comportement. Ses avocats ont demandé que ces éléments soient replacés dans leur contexte et ont souligné, dans leurs observations, que des difficultés personnelles ne déterminent pas nécessairement un passage à l'acte. Les demandes de mise en liberté présentées depuis son placement en détention ont été rejetées par la cour d'appel de Toulouse, les magistrats ayant motivé leur décision par l'existence d'indices retenus par l'instruction.
Déclarations des gendarmes intervenus le 16 décembre 2020
Des gendarmes qui ont été les premiers intervenants sur le lieu de la disparition ont été entendus en salle d'audience. L'un des témoins a décrit son réveil à 4 h 15, son arrivée sur place à 4 h 51 et les constatations réalisées autour de la maison et du véhicule familial. Dans sa déposition initiale, le gendarme a relaté différents éléments observés et des échanges avec Cédric Jubillar.
Lors de l'interrogatoire en audience, le témoin a nuancé ou rectifié certaines affirmations figurant dans sa déclaration antérieure, concernant notamment la configuration de la rue, la nature de traces observées et la description d'un sac à main. Il a également reconnu ne pas avoir vérifié si le moteur du véhicule était chaud. Ces différences entre la première déposition et l'audition en public ont été soulevées par la défense et par le ministère public au cours des questions.
Administratrice ad hoc et situation des enfants
L'administratrice ad hoc désignée pour représenter les intérêts des enfants du couple a été entendue pour décrire l'impact de la disparition sur Louis et Elyah, qui avaient respectivement 6 ans et 18 mois au moment des faits. Elle a rapporté des observations sur le comportement des enfants, notamment des réactions d'hypervigilance et des difficultés d'endormissement, ainsi que des propos des enfants exprimant des interrogations sur la responsabilité de leur père et la localisation du corps de leur mère.
L'intervention de l'administratrice a été contestée par la défense qui a interpellé la mandataire sur la neutralité de sa position. Lors de son échange avec la défense, l'administratrice a répondu affirmativement à une question directe portant sur sa conviction quant à la culpabilité de l'accusé. Cette réponse a provoqué des réactions contradictoires en salle et a été suivie d'échanges sur la mission et le rôle de la mandataire.
Déroulement procédural et calendrier
Lors de l'ouverture du procès, Cédric Jubillar a maintenu sa contestation des faits. Le procès est programmé pour vingt jours d'audience et prévoit l'audition d'une soixantaine à quatre-vingts témoins et experts. Le calendrier communiqué en audience indique que le délibéré est attendu le 17 octobre.
Points soulevés en audience
Les séances du deuxième jour ont porté sur des éléments de personnalité des parties, sur la fiabilité de constats réalisés lors de la première intervention policière et sur l'état psychologique et émotionnel des enfants. Les questions soulevées en audience portent sur l'interprétation des déclarations faites au moment des faits, la cohérence des constats matériels et la portée des témoignages rapportés par l'administratrice ad hoc.