Contexte et faits
Dans la nuit du 13 au 14 mai 2024, des pochoirs représentant des mains peintes en rouge ont été apposés sur le Mur des Justes, situé au Mémorial de la Shoah à Paris. Trente-cinq inscriptions ont été relevées sur ce mur ; plusieurs dizaines d'autres ont été constatées dans les 4e et 5e arrondissements de la capitale. Les éléments d'enquête font état d'un total d'environ 500 tags recensés sur l'ensemble des lieux concernés.
Enquête et identification des suspects
Les auteurs ont été identifiés grâce à l'analyse d'images de vidéosurveillance, aux données téléphoniques et aux traces liées à des réservations de transports et d'hébergement. Trois personnes mises en cause ont été extradées vers la France depuis la Croatie et la Bulgarie ; la quatrième fait l'objet d'un mandat d'arrêt et a été jugée en son absence.
Mise en cause et qualifications pénales
Quatre hommes de nationalité bulgare ont été mis en cause. Les éléments de la procédure citent les noms suivants : Georgi Filipov et Kiril Milushev, présentés comme les exécutants des tags ; Nikolay Ivanov, désigné comme organisateur logistique ; Mircho Angelov, recherché et décrit par les enquêteurs comme coordinateur. Les prévenus sont poursuivis notamment pour des dégradations en réunion commises en raison de la prétendue appartenance à une race, ethnie ou religion, ainsi que pour association de malfaiteurs. La quatrième personne est en outre poursuivie pour complicité des dégradations aggravées.
Les mis en cause encourent, selon les qualifications retenues, une peine maximale mentionnée dans l'information judiciaire : sept ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende.
Déroulement du procès et réquisitions
Le procès s'est tenu à Paris sur trois jours, à compter du 29 octobre 2025. Lors des débats, le parquet a requis des peines comprises entre deux et quatre ans d'emprisonnement : deux ans pour les deux exécutants identifiés et quatre ans pour les deux personnes qualifiées par le parquet de "principaux organisateurs", assorties de demandes de maintien en détention pour certains prévenus et d'un mandat d'arrêt pour la personne en fuite. La procureure a demandé la prise en compte de la circonstance aggravante liée au caractère antisémite des dégradations et a souligné la dimension de trouble à l'ordre public.
Positions des mis en cause et arguments de la défense
Les personnes présentes à l'audience ont déclaré avoir été recrutées pour cette opération et se sont présentées comme des exécutants motivés par une rémunération. L'un des prévenus a reconnu les faits et présenté des excuses devant la juridiction. La défense a contesté, pour certains, la qualification d'intention antisémite, mettant en avant un mobile financier et la vulnérabilité de certains mis en cause.
Éléments évoquant une ingérence étrangère
Au cours de l'information judiciaire, les autorités ont envisagé l'hypothèse selon laquelle l'action pourrait s'inscrire dans une opération visant à déstabiliser la société française et orchestrée par des services de renseignement étrangers. Le service chargé de la vigilance contre les ingérences numériques a signalé une instrumentalisation de l'affaire sur des réseaux sociaux ; le parquet a évoqué l'existence d'actions d'influence et de comptes inauthentiques ayant relayé l'événement. La circonstance aggravante d'atteinte commise pour le compte d'une puissance étrangère n'a pas pu être retenue, cette disposition pénale étant intervenue après les faits.
Liens et suite de la procédure
Les investigations ont rattaché cette affaire à d'autres dossiers signalés dans le cadre d'enquêtes sur des actions qualifiées d'ingérences ou d'opérations de déstabilisation visant des symboles religieux ou des lieux publics, donnant lieu à des procédures distinctes. Le procès a été suivi des plaidoiries et des décisions de la juridiction quant aux réquisitions et éventuelles condamnations, dans le cadre des voies de recours prévues par la procédure pénale.








