Contexte et Objet du Procès
Le procès de seize membres d'un groupuscule d'ultradroite, dénommé "Action des forces opérationnelles" (AFO), s'est ouvert le 10 juin devant le tribunal correctionnel de Paris. Ces treize hommes et trois femmes, nés entre 1949 et 1986, sont soumis à des poursuites pour "association de malfaiteurs terroriste" et détention d'armes. Ils sont accusés d'avoir planifié des actions violentes contre la communauté musulmane en France entre 2017 et 2018. Le procès devrait se poursuivre jusqu'au 27 juin, avec des prévenus libres sous contrôle judiciaire.
Profil et Organisation du Groupuscule
Les membres de l'AFO proviennent de divers horizons socio-professionnels, englobant des ingénieurs, des comptables à la retraite, des téléopérateurs, des enseignants, etc. Ce collectif, qui se revendique "patriote", présente une structure hiérarchisée et opérationnelle. A l'origine, l'AFO est une émanation des Volontaires pour la France (VPF), parti politique d'extrême droite fondé en réaction aux attentats de 2015.
Guy S., connu sous le pseudonyme "Richelieu" et ancien policier, est identifié comme le chef de l'organisation. Sa compagne, Marie-Véronique R., gérait le blog "Réveil patriote", promouvant les idées du groupe. Le groupuscule se subdivisait en "Blancs" et "Gris" pour le soutien logistique, et "Noirs" pour des actions concrètes.
Projets Violents et Motivations
L'enquête a montré que l'AFO projetait diverses actions violentes qu'ils qualifiaient "d'opération halal", ciblant principalement des symboles islamiques. Leur plan comprenait l'empoisonnement de produits halal dans les supermarchés, l'assassinat de 200 imams dits "radicalisés", et la préparation d'explosions visant notamment la porte d'une mosquée.
Ces plans reposaient sur une idéologie amalgamant islam et terrorisme, décriés comme des menaces nécessitant une "résistance" semblable à celle de la Seconde Guerre mondiale. Le groupuscule exprime ainsi une volonté de "réveiller" les risques d'une supposée "pénétration islamiste" et de restaurer un passé idéalisé.
Découverte et Intervention Policière
La Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) a joué un rôle clé dans la découverte des plans de l'AFO, notamment via l'infiltration d'un agent. Des perquisitions ont permis de déceler un arsenal conséquent de munitions, armes de catégorie B, et substances chimiques pour fabriquer des explosifs comme le TATP.
Aspects Juridiques et Poursuites
Les faits initialement traités comme criminels ont été requalifiés par la juge d'instruction, suivant les recommandations du Parquet national antiterroriste (Pnat). Ce dernier explique cette décision par l'absence de finalisation des projets violents. Les membres de l'AFO encourent jusqu'à dix ans de prison s'ils étaient condamnés pour les accusations portées.
Ce procès, dans un contexte de tensions intercommunautaires exacerbées, symbolise un point d'orgue dans la lutte judiciaire et sécuritaire contre les courants extrémistes en France.